dimanche 17 mars 2013

Si nos aurores ne sont que des aurores


Comme on nous parle
Elle avait lancé un appel sur les réseaux sociaux: elle annonçait un passage prochain en Bretagne et compilait dans cette perpectives les adresses des meilleurs producteurs locaux ainsi que des lieux rigoureux où se restaurer. 
Elle n'est pas novice en la matière, elle a écrit plusieurs livres de recettes, charmants et fiables, agrémentés de petits dessins car elle a plus d'une corde à son arc. Il lui arrive aussi de cuisiner à la télévision, elle a même tenu un restaurant, dans un endroit gardé secret et pour un nombre extrêmement réduit de convives. J'aimais sa spontanéité qui transcende à la faveur d'un petit geste inspiré ou d'une petite invention, nombre de plats tristes, roboratifs, et éventuellement écrasés par des décennies de mise en conserve opérée par une industrie agro-alimentaire négligente.
J'ai hésité un petit moment avant de lui écrire, retenue par une timidité à la hauteur de l'admiration peu nuancée que je lui portais, puis j'ai découvert qu'elle aimait aller déjeuner Chez Pilou à Biarritz, c'était bon signe et 
je me décidai bientôt à lui envoyer un petit mot qui se transforma rapidement en un long message prolixe recensant toutes mes adresses préférées, tous ces lieux qui me nourrissent. 
Je fis une description exhaustive du marché, évoquant le producteur de cheddar local qui aligne dans sa petite vitrine du cheddar fumé, aux algues, aux orties, les volailles de Paul Renault, le lait et la crème de Roland Lécrivain, son riz au four qui fait accourir les mamies à caddy, les confitures de Coralie avec toutes les nuances qu'elle propose, les figues blanches et les figues violettes, la dizaine de variétés de fraises, les mûres sauvages de Quiberon et les vacances à la Jacques Tati que j'y associe. Je parlais évidemment des légumes des Bocel, sortis de terre la veille, ceux d'Annie Bertin, mal rangés sur son stand d'une humble discrétion, ceux qui viennent de l'île de Batz, nourris à l'air marin, et puis le charcutier aux saucisses excellentes, à la châtaigne en saison, et aussi le grand monsieur qui fabrique du chocolat biologique et propose des cookies sarrasin-chocolat que je grignote parfois sur le chemin du retour. J'avais juste omis de lui parler du producteur de pommes, jamais avare en conseils, et des poissonniers à l'écart des grands étals, dont les poissons ont toujours l'oeil brillant et le ventre ferme. Tous ces endroits familiers, mon rituel du samedi matin, ces visages auxquels je pense quand je me mets à cuisiner avec chaque fois la conscience que la fraîcheur inouïe des carottes et des salades, le croquant et le parfum des pommes, les chairs fermes et nacrées des poissons, l'onctuosité du beurre et de la crème, le goût de noisette du coucou de Rennes rôti lentement, tout cela a le prix de l'effort de ces hommes et de ces femmes, chaque jour et toute une vie durant. Mon message parlait donc d'eux et de mes autres adresses rennaises de prédilection, Cozic et son pain au sarrasin, le Tire-Bouchon et son comptoir d'habitués, les fromages Bordier, les chocolats de Madame Durand, vous commencez à me connaître. Je glissais quelques mots sur Jean-Marie Baudic et son Youpala Bistrot, Tanpopo à Saint Malo, le Finistère et ses merveilleux fruits de mer puis je saluais poliment.
La réponse arriva quelques heures plus tard, pleine d'enthousiasme. Si j'étais toujours à Rennes (!), elle me proposait de lui faire découvrir le marché le samedi suivant. J'ai d'abord pensé Non, non, j'avais trop peur de ne pas être à la hauteur, peur aussi que mes élans et mes goûts se nourrissent d'un rapport vraiment trop personnel au produit pour être objectifs (c'est un mot glissé par le poissonnier sur mon achat de la semaine précédente, c'est une bouchée de rocher-coco offerte par le monsieur des chocolats, c'est l'un des frères Bocel qui m'aide à chaque fois à ranger proprement mes légumes dans mon cabas, c'est un regard ou une attention, qui au-delà de la fidélisation, donne aussi un goût particulier à ce qui sera mangé), j'ai quand même fini par dire oui, avec une impatience certaine.
Nous avions rendez-vous à 9h, j'avais proposé d'appeler une fois qu'elle serait dans ma rue, parce que j'habite à cinq minutes du marché. Je serais descendue et lui aurais désigné mes fenêtres J'habite là.
La veille, elle m'a envoyé un message, En fait, je serai là à 9h30.
Le jour-même, j'étais en train d'enfiler une veste doublure à pois et allure étriquée, quand je reçus un nouveau message Finalement, ce sera plutôt 10h30. Décidément, il fallait être à disposition. Comme j'étais prête et que nos appétits aiguisés par le weekend débutant rêvaient de poisson très frais destinés à être mangés crus et à la vapeur, avec plein de gingembre et de ciboule, je décidai d'aller nous ravitailler, pensant aussi qu'il serait plus confortable de faire visiter le marché sans mes deux grands cabas habituels. Je revins vers 10h15, avec un gros bouquet d'anémones blanches au milieu des victuailles.
Je venais à peine de glisser le bouquet dans une carafe quand je reçus un nouveau message Je suis arrivée au marché, appelle moi quand tu seras là. J'ai rangé le poisson et le fromage au réfrigérateur, j'ai laissé les légumes et les pommes en vrac dans la cuisine, j'ai échangé la veste contre un manteau bleu marine, j'ai noué une grande écharpe rose et j'ai dit à W. J'y vais.
Je me sentais un peu bizarre.
Entre deux camions de galette-saucisse, je l'ai appelée comme convenu. Elle n'a pas répondu. J'ai évidemment pensé Je crois qu'en fait elle ne veut pas me voir. Résignée, je me suis attardée parmi les étals, je ressentais une sorte de fatigue sourde, un discret vertige, une déception et un soulagement à la fois. Je me décidai à rentrer quant au détour d'un petit stand de fromages de chèvre où il m'arrive d'en acheter au printemps un très frais et crémeux, délicieux sur du pain grillé, je la croisai soudain, tresse sur le côté, rose aux joues et duffle-coat. Nous nous sommes embrassées et elle m'a présenté son accompagnatrice. Elle avait les bras chargés de paquets en papier kraft, ce sont les infusions que vend la petite dame là-bas. Je hochais la tête, mon vertige ne cessait pas vraiment et, quand je voulus lui répondre en anglais, les mots se bousculèrent en désordre entre mes lèvres intimidées. Elle enchaîna tout de suite en français et je ravalai immédiatement ma honte en silence.
Elle m'expliqua qu'elle écrivait un livre sur la cuisine des régions, elle voulait donc savoir quels étaient les meilleurs producteurs et serait heureuse de savoir où je me fournissais. Je décidai de ne pas me laisser troubler et commençai par désigner les fromages de chèvre, juste à côté. Elle n'a pas trop regardé. Tout près, il y avait les beaux produits laitiers de Roland Lécrivain, je les lui montrai en expliquant leurs délicieuses vertus. Elle se tut. J'ai eu chaud aux mains, je retirai mes mitaines. J'ai montré les volailles de Paul Renault, elle regardait les yaourts aromatisés du stand voisin, mais n'a pas posé de questions. Je n'ai pas osé lui montré les jolis pots de confitures. Nous avons avancé dans l'allée, j'ai murmuré quelque chose sur le producteur de cheddar, elle y jeta un oeil silencieux. J'avais un peu envie de partir, ma question se déplaça Où serez-vous ce soir? -Nous dormons dans un château, ils nous invitent et en échange, j'écris un article sur eux dans mon livre. Elle fit une petite moue.
J'ai désigné un producteur de cidre local, exigent et rigoureux. Elle n'a pas regardé et a dit J'ai goûté un cidre à la châtaigne, délicieux. Je n'avais pour ma part rien d'autre à proposer qu'un cidre nature, juste aux pommes. Je n'ai plus rien osé montrer, les légumes des Bocel me parurent tout tristes, l'étal du charcutier la laissa de marbre, elle ne goûta pas aux gâteaux que le monsieur des chocolats offrait aux passants.
Leurs voix se firent enthousiastes quand elles reconnurent en choeur un tourteau fromager C'est trop bon ça! Est-ce que tu sais où l'on peut trouver un moule pour en faire cuire? Je n'en savais rien, elles furent déçues, je dis alors timidement que ce n'était pas une spécialité bretonne mais poitevine. Elles restèrent déçues.
En remontant les allées, elles ont demandé Que fais-tu comme métier? J'ai dit Je suis psychiatre pour les enfants. Elles plissèrent des yeux. Oui, c'était un métier sérieux et devant leurs mines, j'en étais presque désolée tout en m'en voulant très fort de l'être. Arrivée devant les fleuristes, elle a dit que c'était un beau marché, qu'à Paris il y avait surtout des revendeurs alors qu'ici, à la campagne, c'était bien d'avoir tous ces producteurs. L'inconvénient c'était quand même tous ces champs de choux qu'on croisait un peu partout, est-ce que je ne trouvais pas, moi aussi, que ça empuantissait l'atmosphère? Devant les premières tulipes blanches de la saison, je fis un sourire crispé.
Il fallait marcher un peu avant d'arriver aux halles, elle posa des questions Alors, depuis combien de temps tu écris ton blog de cuisine? Alors, tu aimes cuisiner? Je fis des réponses brèves qu'elle n'écouta pas vraiment. Elle demanda où trouver un bon kouign amann, j'évoquai ceux du Finistère, elle ne voyait pas de quoi je parlais et puis finalement, c'état trop loin, elle avait déjà beaucoup conduit les jours derniers, elle était fatiguée.
En silence, nous avons croisé des piles de craquelins, de l'agneau des prés salés, des timbales de fruits de mer, une marmite fumante de soupe de poissons et la vitrine kitsch d'un traiteur. Elle a photographié des sphères plastifiées qui contenaient des amuses-bouches et des fausses boîtes de sardines avec des rillettes de poisson dedans.
J'ai demandé si elle connaissait le kig ha farz. Oui, on leur en avait parlé, à Vannes ou Dinan, où elles avaient passé quelques jours. Qu'est-ce que c'est déjà? J'expliquai, je racontai le pain de sarrasin, cuit dans le bouillon, bien enfermé dans son petit oreiller en toile. Elle a dit ah oui, un peu comme un pot au feu… Mais je ne peux pas inclure cette recette dans mon livre parce qu'il y a déjà une recette de poule au pot et ça ressemble quand même, sur le principe. J'avais vraiment l'impression de l'ennuyer, avec mes histoires.
Elle voulait feuilleter des livres de cuisine bretonne, elle voulait une librairie culinaire. Je l'ai emmenée à La page gourmande, où j'ai constaté avec soulagement que les produits d'épicerie étaient enfin placés à l'arrière-boutique, laissant ainsi la place aux livres, ce qui me paraissait être la moindre des choses, pour une librairie. Elle a sorti plusieurs ouvrages des présentoirs, elle connaissait beaucoup de leurs auteurs, elle disait à son amie Oh là là, il a l'air fatigué sur la couverture ou Tiens, c'est le livre de M., mmmmm. Elle n'a pas trop regardé ce que je lui montrais, ça ne m'étonnait plus vraiment, je me suis plongée dans un beau livre de Bruno Verjus et j'ai attendu qu'elle fasse son choix.
Après, il n'y avait qu'un petit pont à traverser pour aller chez Madame Durand, j'ai pensé que les chocolats de la série Bretagne, aux algues ou au chouchen, aux brisures de crêpes dentelles et au miel de sarrasin, pourraient l'intéresser. Elle en prit une boîte, fit des photographies de la boutique, questionna la vendeuse sur les caramels au beurre salé.
En sortant, nous avons croisé un magasin d'ustensiles de cuisine Tu crois qu'il y a des moules à tourteau fromager? ont-elles demandé. J'ai dit J'en doute… Elles constatèrent avec dépit qu'il n'y en avait pas.
Elle voulait un endroit pour déjeuner, quelque chose de local, de saison, du marché, de traditionnel aussi. Surtout pas une crêperie! J'étais un peu embêtée parce que les endroits les plus appétissants sont fermés le samedi midi et je le leur dis, en m'excusant. Oui, elles avaient téléphoné aux adresses du Fooding et c'est ce qu'on leur avait répondu. Tu es vraiment sûre, près du marché il y a forcément un petit bistrot…?
Je n'avais pas d'autre idée que de leur suggérer d'aller au Miam, espérant qu'elles aimeraient leurs salades rutilantes et colorées, le jambon à l'os qui fait des merveilleux sandwiches, les petits cakes au potimarron… Je ne saurais jamais ce qu'elles en auront pensé car nous nous y sommes quittées. Elle m'a embrassée, a dit au revoir.
En repartant chez moi, là où m'attendaient W., le grand bouquet d'anémones blanches et un somptueux petit-déjeuner tardif, je repensais à la matinée écoulée, ce discret vertige persistant, cette expérience étrange que fut celle d'une rencontre avec Rachel Khoo.


Car le temps de l'amour
C'est long et c'est court
Ça dure toujours
On s'en souvient
A La Régalade de l'avenue Jean Moulin, un soir d'hiver marinière en tricot fin sous cardigan vert. La serveuse avait dit en nous voyant arriver Tiens, ça fait longtemps qu'on ne vous a pas vus. La dernière fois, je me souviens, vous étiez assis là. Elle désigne la banquette, avec la vue sur les bocaux de cornichons. Le dîner s'étire avec langueur, la salle se vide, Bruno Doucet passe par là, nous en sommes aux madeleines mais les serveurs déposent sur chaque table des soufflés tout chauds et tremblotants, comme des nuages qui dépasseraient d'un grand ramequin blanc. Il nous en reste. Bon appétit! Toute résistance fut inutile.
Au BAL café, déjeuner dominical, col claudine à pois sur pull rayé et entreprise de séduction par une stratégie discutable à nos côtés: un garçon en pantalon velours côtelé rouge et Sebago aux pieds cherche à convaincre une jeune fille blonde à l'air détaché qu'il a un appareil argentique très cher, que ses amis sont très beaux, que le poste qu'il occupe est très important, que son prochain voyage sera grandiose. Pour l'instant, elle picore quelques miettes de muffin aux framboises, il lui a commandé sans lui demander son avis une tourte au poulet. Pendant ce temps, nous parlons des toits roses de Baku et je reste saisie par la texture onctueuse des scones tièdes, le dessin des oeufs frits, le parfum du bacon grillé et le geste du garçon au comptoir qui verse de l'eau chaude sur la cafetière Chemex qui nous est destinée (j'en ai une aussi, cela fait un très beau vase).
Au Tire-Bouchon, dîner hebdomadaire, petite table près de la fenêtre, pull à mailles lâches sur robe à fleurs. Presque plus personne dans la salle, les desserts sont desservis, les verres sont empilés sur les grands plateaux, Marianne a nettoyé le fourneau, D. remarque les nouvelles chaussures de W., nous parlons ensemble viennoiseries et il est plus précisément question de la brioche feuilletée de chez Cozic (ainsi que de l'approvisionnement en croissants le dimanche matin - le jour maudit de la fermeture de Cozic). Marianne la savoure avec du beurre et de la marmelade d'orange, D. avec juste de la confiture, je l'aime avec du beurre et de la confiture de mûres si je bois un thé mais avec un chocolat chaud, la brioche en elle-même se suffit. J'allonge mes jambes sous la table. Marianne a dit Alors, qu'est-ce que vous avez prévu pour les vacances? Je ne savais pas encore que je serais rattrapée par l'imprévisible.

C'est la vie, dit Chick.
Non, répondit Colin.
Sur le divan de l'analyste, en regardant le ciel bleu dur se délaver sous l'effet de longs nuages, j'articule d'une voix étranglée Mon père est très malade, je ne sais pas s'il va s'en sortir.
Sans prévenir, à la lisière d'un printemps guetté avec impatience, le quotidien devint rythmé par les visites à l'hôpital, les discussions médicales, l'attente, le doute, la colère, l'épuisement, une increvable fatigue et des réveils matinaux cauchemardesques.
L'appétit prit une sérieuse tangente. Pour le déjeuner, avant de partir à l'hôpital voir mon père, ma mère faisait de tout petits sandwiches que nous mâchonnions mécaniquement, assises en tailleur sur la couette, chacune prêtant une oreille faussement attentive à l'émission radiophonique de passage. Je préparais de grandes tasses de thé que j'apportais sur un plateau vacillant et je prévenais Attention, c'est chaud. La dernière gorgée de thé avalée signifiait Il est l'heure d'y aller et elle me nouait l'estomac en plusieurs endroits. L'odeur acide et moisie des couloirs d'hôpital me fait mal et mêle dans mon cerveau abasourdi le souvenir peu amène des études de médecine, leur cortège d'humiliations et d'histoires tristes.
Je quittais parfois l'hôpital un peu avant ma mère, je rentrais à pieds, je dévalais les rues à toute berzingue, je ravalais ma tristesse et ma rage à chaque pas, j'empruntais des chemins détournés qui durent plus longtemps, j'avais peur du silence de l'appartement. Etrangement dans ces moments-là, ces retours solitaires et affolés, j'étais soudainement assaillie par la faim. Je rêvais alors de nourritures saugrenues, j'envisageais de me préparer des spaghettis bolognaise à cinq heures de l'après-midi, je me contentais d'un pain au chocolat dévoré avec un désespoir goulu.
J'ai porté tous les jours à peu près les mêmes habits et ça m'était égal. Je serrais les dents et les paupières. J'apercevais parfois ma mère, allongée et les yeux grand ouverts sur le plafond blanc. J'avalais ma salive, remettais de l'eau à chauffer pour le thé. Je ne m'apercevais même pas que la bouilloire japonaise sifflait déjà. Puis les tasses refroidissaient, ma mère s'était endormie.
Au fil des jours, elle tenta d'apprivoiser son chagrin, elle marchait beaucoup à travers la ville qu'elle découvrait timidement. Le bon goût restait sa boussole et elle voulait savoir où trouver du bon pain, des bons fruits, du poisson frais, une large gamme de laine et des tissus pour faire des pulls et des torchons, en attendant. Elle choisissait les meilleurs fruits secs pour mon père, nous achetait des chocolats, remplissait le réfrigérateur de yaourts. Elle m'observait avec curiosité préparer du porc au caramel (ah tiens, tu fais comme ça a-t-elle dit en me voyant glisser la cocotte en fonte au four), une barbue rôtie, de la purée de pommes de terre. Mais une fois à table, elle mangeait toujours très peu, des portions de poupée, sauf au petit-déjeuner, lors duquel je me réjouissais de la voir avaler deux grandes tartines, deux tasses de thé.
Maintenant il y a l'attente, le gouffre béant du doute et les pires perspectives qui dessinent un continent si noir qu'on n'ose plus trop fermer les yeux. Alors, dans le silence de la nuit, à l'écoute de son propre souffle inquiet, on attend l'aurore dont les premières lueurs sont parfois tout à fait inquiétantes. 

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