Faut-il que nul ne résiste (aux butterballs de Mary)
(Photo prise dans le bureau de G. avec ma nouvelle lampe Céline Saby, reçue dans du joli papier cadeau! Je l'aime vraiment beaucoup. J'espère que vous avez passé un chouette Noël aussi!)Ce soir-là, dans le métro, à Chevaleret, il y a un grand type qui monte, jetant sur les autres passagers un regard dur derrière ses lunettes à monture stricte. Il a mon âge environ, des chaussures cirées de près et une redingote raide. Installé sur un strapontin, il se frotte les mains, puis sort de son petit cartable à boucle dorée une revue médicale. Un interne en neurologie! Il m'a rappelé comme je pouvais me cacher derrière les portants de journaux du point-presse de l'hôpital quand j'y avais cours mais que je voulais éviter les autres étudiants lorsque le prof était en retard.
(Je suis un petit peu asociale. L'autre jour, alors que ce n'était pas du tout le propos, on m'a même dit sur un ton de reproche que j'étais mystérieuse).
C'était début décembre et j'étais toute seule à Paris pour un congrès. Je n'avais jamais vu la neige sur la Seine. Je guettais tous les petits tronçons de métro aérien. Je ressentais à cette occasion une discrète mélancolie devant les façades qui défilaient, toutes ces fenêtres, les vies qui s'y jouent derrière, tous les gens qu'on ne connaîtra jamais et dont on ne sait rien.
Je dormais chez un oncle et sa copine, ils ont une vie de famille à laquelle je ne suis pas du tout familière. Je découvre les chaussures de Barbie dispersées sur le parquet du couloir, les numéros d'Astrapi dans les toilettes, la vaisselle en mélamine avec les gobelets à anses doubles, le blanc de poulet coupé en petits morceaux, le ketchup qui dessine un sourire dans l'assiette, le gel douche à la fraise, le dentifrice à la cerise, les dessins partout sur les murs, les horaires (de lever, de coucher) qu'il faut absolument respecter. Un autre monde.
Je vais à pied à la Salpétrière, j'évite soigneusement tout collègue. Une infirmière strasbourgeoise puis un directeur d'hôpital dijonnais me demandent le chemin. Je trouve un siège libre au fond de l'amphithéâtre jauni et je n'en bouge plus.
Heure du déjeuner. Hors de question d'aller au self de l'hôpital avec les autres. J'observe le plan de métro de mon Moleskine fatigué et je relève que Rose Bakery 2 n'est qu'à quelques stations. Je fais donc diversion et je m'échappe.
Tempête de neige sur le beau parc de la Salpétrière (j'apprendrai plus tard par S., qui a été aide-soignant là-bas, qu'il y a des couloirs souterrains labyrinthiques où il se perdait régulièrement avec des patients peu rassurés). Je pense à une exposition et aux beaux arbres enneigés de Kiarostami qui m'avaient captivée.
A Rose Bakery, une dernière table m'attendait, et, une fois n'est pas coutume, le service est adorable. Une Japonaise qui porte un sweat-shirt turquoise décoré d'un noeud à l'encolure installe la nappe en papier, le pain frais et le beurre tendre, un serveur avec une chemise à carreaux et beaucoup de cheveux prend la commande (une assiette de légumes et un chocolat chaud). Une jeune femme avec des cheveux longs, lisses et sombres redresse sur le dossier de sa chaise son beau manteau Miu Miu camel et noir, derrière moi deux Anglaises réfléchissent à la pertinence ou non de partager un jus banane et datte au moment où je choisis le cake chocolat-blanc/matcha avec l'approbation de la serveuse. Je repars au colloque à regret.
Dans les rues enneigées, tout le monde marche à petits pas mal assurés et le lendemain, chez Vanina Escoubet, entre deux essayages désastreux, nous parlerons de la dramatisation très parisienne de la situation avec l'une de ses amies à qui une petite robe noire allait en revanche à ravir. Le froid piquant et constant me servira plus tard de prétexte lorsque je fus confrontée à une paire de mitaines toutes douces (mais bizarrement, les jours suivants, je ne cesserai de les égarer).
En me promenant seule dans mes quartiers préférés, je me suis souvenue de mes petites semaines parisiennes, quand j'étais ado, et que j'avais un sac à dos rouge. Je dormais déjà chez le même oncle, mais il n'y avait pas encore d'enfants. Je me préparais des petits sandwiches le matin avec une bouteille d'eau glacée pour transformer le sac en glacière et je sillonais la ville jusqu'au soir, traînant de parcs en librairies. J'aimais bien.
La vie a changé (ouf!) et dans quelques jours je serai à Paris avec G., mais le goût des butterballs de Mary me parait intemporel.
Simplissimes à préparer, délicatement fondants, on n'en fait qu'une bouchée. Ils m'ont fait penser aux Baci di Dama que j'avais découverts sur le blog d'Eva, autrefois.
Les butterballs de Mary, une enquête de Béa
-230 g de beurre mou
-100 g de sucre de canne blond
-250 g de farine
-125 ml de ganache au chocolat noir (j'ai pris du caramel à tartiner au chocolat noir de Madame Durand)
-un peu de sucre de canne blond en plus et de la vanille en poudre pour enrober les biscuits
Travailler le beurre en pommade jusqu’à ce qu’il soit bien aéré (3 à 5 min).
Ajouter le sucre. Une fois que la préparation est homogène, ajouter la farine de manière à obtenir une boule.
Envelopper cette boule de pâte dans du papier film et réfrigérer pendant au moins 3 heures (cela permet aux cookies de ne pas s’étaler lors de la cuisson).
Préchauffer le four à 190 C.
Détacher un morceau de pâte de la boule et former des petites boules de 2 cm de diamètre puis les congeler pendant 30 minutes
Au bout de ce temps, les déposer sur la plaque du four recouverte de papier sulfurisé et faire cuire pendant 13 à 15 minutes, jusqu’à ce que les biscuits soient fermes, mais ne brunissent pas.
Laisser refroidir sur une grille.
Réunir les biscuits deux par deux avec la ganache ou la tartinade choisie (c'est bien qu'elle ne soit pas trop sucrée, je ne sais pas si du Nut-Nut conviendrait pas exemple) puis rouler le butterball dans le mélange sucre-vanille.
A grignoter avec un verre de lait bien frais!
(Je suis un petit peu asociale. L'autre jour, alors que ce n'était pas du tout le propos, on m'a même dit sur un ton de reproche que j'étais mystérieuse).
C'était début décembre et j'étais toute seule à Paris pour un congrès. Je n'avais jamais vu la neige sur la Seine. Je guettais tous les petits tronçons de métro aérien. Je ressentais à cette occasion une discrète mélancolie devant les façades qui défilaient, toutes ces fenêtres, les vies qui s'y jouent derrière, tous les gens qu'on ne connaîtra jamais et dont on ne sait rien.
Je dormais chez un oncle et sa copine, ils ont une vie de famille à laquelle je ne suis pas du tout familière. Je découvre les chaussures de Barbie dispersées sur le parquet du couloir, les numéros d'Astrapi dans les toilettes, la vaisselle en mélamine avec les gobelets à anses doubles, le blanc de poulet coupé en petits morceaux, le ketchup qui dessine un sourire dans l'assiette, le gel douche à la fraise, le dentifrice à la cerise, les dessins partout sur les murs, les horaires (de lever, de coucher) qu'il faut absolument respecter. Un autre monde.
Je vais à pied à la Salpétrière, j'évite soigneusement tout collègue. Une infirmière strasbourgeoise puis un directeur d'hôpital dijonnais me demandent le chemin. Je trouve un siège libre au fond de l'amphithéâtre jauni et je n'en bouge plus.
Heure du déjeuner. Hors de question d'aller au self de l'hôpital avec les autres. J'observe le plan de métro de mon Moleskine fatigué et je relève que Rose Bakery 2 n'est qu'à quelques stations. Je fais donc diversion et je m'échappe.
Tempête de neige sur le beau parc de la Salpétrière (j'apprendrai plus tard par S., qui a été aide-soignant là-bas, qu'il y a des couloirs souterrains labyrinthiques où il se perdait régulièrement avec des patients peu rassurés). Je pense à une exposition et aux beaux arbres enneigés de Kiarostami qui m'avaient captivée.
A Rose Bakery, une dernière table m'attendait, et, une fois n'est pas coutume, le service est adorable. Une Japonaise qui porte un sweat-shirt turquoise décoré d'un noeud à l'encolure installe la nappe en papier, le pain frais et le beurre tendre, un serveur avec une chemise à carreaux et beaucoup de cheveux prend la commande (une assiette de légumes et un chocolat chaud). Une jeune femme avec des cheveux longs, lisses et sombres redresse sur le dossier de sa chaise son beau manteau Miu Miu camel et noir, derrière moi deux Anglaises réfléchissent à la pertinence ou non de partager un jus banane et datte au moment où je choisis le cake chocolat-blanc/matcha avec l'approbation de la serveuse. Je repars au colloque à regret.
Dans les rues enneigées, tout le monde marche à petits pas mal assurés et le lendemain, chez Vanina Escoubet, entre deux essayages désastreux, nous parlerons de la dramatisation très parisienne de la situation avec l'une de ses amies à qui une petite robe noire allait en revanche à ravir. Le froid piquant et constant me servira plus tard de prétexte lorsque je fus confrontée à une paire de mitaines toutes douces (mais bizarrement, les jours suivants, je ne cesserai de les égarer).
En me promenant seule dans mes quartiers préférés, je me suis souvenue de mes petites semaines parisiennes, quand j'étais ado, et que j'avais un sac à dos rouge. Je dormais déjà chez le même oncle, mais il n'y avait pas encore d'enfants. Je me préparais des petits sandwiches le matin avec une bouteille d'eau glacée pour transformer le sac en glacière et je sillonais la ville jusqu'au soir, traînant de parcs en librairies. J'aimais bien.
La vie a changé (ouf!) et dans quelques jours je serai à Paris avec G., mais le goût des butterballs de Mary me parait intemporel.
Simplissimes à préparer, délicatement fondants, on n'en fait qu'une bouchée. Ils m'ont fait penser aux Baci di Dama que j'avais découverts sur le blog d'Eva, autrefois.
Les butterballs de Mary, une enquête de Béa
-230 g de beurre mou
-100 g de sucre de canne blond
-250 g de farine
-125 ml de ganache au chocolat noir (j'ai pris du caramel à tartiner au chocolat noir de Madame Durand)
-un peu de sucre de canne blond en plus et de la vanille en poudre pour enrober les biscuits
Travailler le beurre en pommade jusqu’à ce qu’il soit bien aéré (3 à 5 min).
Ajouter le sucre. Une fois que la préparation est homogène, ajouter la farine de manière à obtenir une boule.
Envelopper cette boule de pâte dans du papier film et réfrigérer pendant au moins 3 heures (cela permet aux cookies de ne pas s’étaler lors de la cuisson).
Préchauffer le four à 190 C.
Détacher un morceau de pâte de la boule et former des petites boules de 2 cm de diamètre puis les congeler pendant 30 minutes
Au bout de ce temps, les déposer sur la plaque du four recouverte de papier sulfurisé et faire cuire pendant 13 à 15 minutes, jusqu’à ce que les biscuits soient fermes, mais ne brunissent pas.
Laisser refroidir sur une grille.
Réunir les biscuits deux par deux avec la ganache ou la tartinade choisie (c'est bien qu'elle ne soit pas trop sucrée, je ne sais pas si du Nut-Nut conviendrait pas exemple) puis rouler le butterball dans le mélange sucre-vanille.
A grignoter avec un verre de lait bien frais!