Tu n'as même pas vu que j'étais partie alors (je suis revenue -avec des empanadas)
Dimanche après-midi, après un vide-grenier où nous avons constaté les constantes modifications du visage des poupées Barbie au fil des décennies, nous avons décidé de prendre le large. La voiture a filé vers notre plage préférée, je ne pensais pas que j'aurais eu l'occasion d'enfiler à nouveau mes sandalettes qui se sont par ailleurs admirablement patinées. Nous sommes passés devant un hôtel aux volets violets où un soir de juillet, lors d'un lointain été, on nous avait servi une soupe de poissons brûlante assortie des croûtons et du fromage râpé de rigueur. Plus tard dans la soirée, nous avions fui le feu d'artifices qui assourdissait le port et avait déserté la plage, ce qui fut bien agréable.
Dimanche, il y avait quelques chars à voile et des cerf-volants, l'ombre d'une jonque à l'horizon et un cadeau qui m'attendait dans le sac de G. Les pieds régulièrement effleurés par les petites vagues, j'ai découvert deux nuages poétiques précieusement cousus par la délicate Masami. A la maison, chacun de nous possède dans son bureau respectif l'un de ses jolis végétaux en tissu, la branche haricot magique pour moi et l'arbre d'hiver pour G., je les aime beaucoup. Cette fois-ci, il s'agit de Nuageux, parfois la pluie. Un résumé sublimé des temps passés, bien que dimanche ait été assez grandiose, les cheveux au vent et plein de soleil partout.
Septembre en pointillés
J'ai lu The Great Gatsby presque trop vite, comme on avale une bouchée qui manque de vous étrangler.
J'ai découvert que les journaux de Sylvia Plath étaient publiés expurgés de ce que son amie, Frances Mc Cullough, et son mari, Ted Hughes, ont considéré comme des "descriptions excessivement détaillées", des passages "trop érotiques" ou "trop méchants". Je n'ai pas trop apprécié.
J'ai acheté une paire de bottes gris éléphant dans une boutique microscopique où un petit garçon très blond ne voulait rien chausser d'autres qu'une paire de Ugg, ce qui a laissé tout le monde perplexe. Le même jour, j'ai aussi trouvé une robe à pois en soie très bien pour la soutenance (sauf que je n'ai aucune nouvelle de mon directeur de thèse que je ne cesse pourtant d'harceler. Evidemment, je me dis que mon travail est trop nul pour qu'il daigne se manifester)
Nous avons dégusté la guimauve au vinaigre balsamique et au grué de cacao de Mélanie à l'Arsouille, la fabuleuse crêpe banane-chocolat de Ki Ka Faim (ce nom de crêperie est très moche mais on y mange très bien. La complète à la tomme de Savoie y est hautement recommandable aussi) et une poire Belle-Hélène complètement décadente à la maison un soir où nous avions besoin de réconfort (qui plus est, le sirop vanillé qui a servi à pocher les poires est tout à fait recyclable dans du rhum pour l'arranger de façon express. Haut pourvoir réconfortant également).
Le jour de sa sortie, je tends un peu timidement à la libraire le livre de Melvil Poupaud (oui, je suis terriblement prévisible). Je ne sais pas bien pourquoi mais je suis un peu gênée. La libraire qui comprend tout me dit en rigolant "Non mais ça va, c'est pas comme si c'était un truc de Pierre Perret hein!" Après, je rentre en vitesse à la maison et je le dévore en une heure sur le canapé de mon bureau, c'est tellement chouette que j'en oublie de me refaire un thé.
Melvil, baby-sitté par Isabelle Adjani, est allé manger des spaghetti chez Marguerite Duras, s'est fait photographier par Hervé Guibert, a fait du bateau avec Chiara et Marcello qui l'emmène à la Cinecittà déserte quand ils ne se faisaient pas alpaguer tous les trois par Fellini à une terrasse du Trastevere. Il parlait trop dans sa barbe pour Eric Rohmer et Jane March, sa partenaire dans L'Amant l'a beaucoup fait souffrir. J'ai adoré aussi lire son rapport à la caméra.
Vous allez trouver que mon snobisme ramollit mais en plus, un jeudi soir, je suis allée voir Restless toute seule à la séance de 22heures. G. refusait catégoriquement d'y aller parce qu'il n'aime pas les films qui parlent de maladie mortelle. Il s'est gentiment moqué de moi quand je lui ai dit d'une petite voix "Bah ce soir comme t'es pas là, je crois que je vais aller voir Restless" parce que je n'ai pas arrêté de récriminer contre La guerre est déclarée et, même s'il adore lui aussi Gus Van Sant (enfin, celui de Last Days, Paranoïd Park ou Elephant, pas celui de Will Hunting -enfin, je n'ai rien contre Will Hunting), parce que Restless est un film de commande...
Cinq personnes dans la salle, le sac blindé de mouchoirs en papier. Je suppose que l'effet est en partie dûe à ma sensibilité à fleur de peau du moment (la fin de mes études de médecine me chavire un peu) mais j'ai trouvé ça rudement bien. J'ai bien aimé la cabane en crackers, les jolis vêtements vintage (chemise à lavallière, manteau en tweed trop grand, redingote bien coupée, cardigans en maille épaisse, veste pied-de-poule) et dans un même ordre d'idées les intérieurs chaleureux, plein de feux de cheminées, de tables en bois brut, de couvertures en patchwork et de gratins de pommes de terre. J'ai aimé les derniers plans, la neige partout où l'histoire nous avait emmenés, le printemps qui n'est finalement pas arrivé plus tôt. J'ai aimé aussi les silences de Henry Hopper, un garçon vraiment gracieux, et sa voix tristement déterminée qui marmonne au-dessus du chemin de fer sur lequel il se penche presque trop "J'en ai fini avec ça".
Un billet parce que tu m'as demandé Comment s'est passé ton mois de septembre?
****
Sinon, j'ai aussi fait des empanadas. Très bons, à servir impérativement avec du yaourt battu aillé avec plein de ciboulette et de persil.
La pâte se travaille hyper facilement, c'est une recette de l'infaillible Loukoum°°°.
La farce se cuisine selon les goûts de chacun, ici le boeuf haché est parfumé à l'oignon, au poivron et à la saucisse piquante.
La pâte
-350g de farine
-175g de beurre fondu refroidi
-1 oeuf battu
-1/2cc de sel
-100mL d'eau chaude
-un peu de lait pour dorer
Mélanger la farine et le sel.
Faire un puits, y verser le beure fondu et l'oeuf battu.
Mélanger à la cuillère en bois et ajouter juste assez d'eau pour obtenir une pâte ferme.
Travailler cette pâte une dizaine de minutes puis la rouler en boule et la laisser reposer une demi-heure à température ambiante.
La farce
-350g de boeuf haché
-2 gousses d'ail écrasées
-2 oignons finement émincés
-2 poivrons (moyens) en brunoise
-un morceau de saucisse piquante italienne d'une douzaine de cm en petits dés
-du piment en poudre, du cumin et du paprika
Faire revenir le tout dans de l'huile d'olive. Arroser d'un filet de sirop d'érable et quelques gouttes de Maggi. Goûter pour bien assaisonner
Etaler la pâte sur 3 mm d'épaisseur, découper des cercles de la taille que vous préférez. Faire des petits chaussons en soudant bien les bords avec une fourchette. Dorer avec un peu de lait. Faire cuire une vingtaine de minutes à 180°. Très bons tièdes avec le yaourt précédemment cité.
Dimanche, il y avait quelques chars à voile et des cerf-volants, l'ombre d'une jonque à l'horizon et un cadeau qui m'attendait dans le sac de G. Les pieds régulièrement effleurés par les petites vagues, j'ai découvert deux nuages poétiques précieusement cousus par la délicate Masami. A la maison, chacun de nous possède dans son bureau respectif l'un de ses jolis végétaux en tissu, la branche haricot magique pour moi et l'arbre d'hiver pour G., je les aime beaucoup. Cette fois-ci, il s'agit de Nuageux, parfois la pluie. Un résumé sublimé des temps passés, bien que dimanche ait été assez grandiose, les cheveux au vent et plein de soleil partout.
Septembre en pointillés
J'ai lu The Great Gatsby presque trop vite, comme on avale une bouchée qui manque de vous étrangler.
J'ai découvert que les journaux de Sylvia Plath étaient publiés expurgés de ce que son amie, Frances Mc Cullough, et son mari, Ted Hughes, ont considéré comme des "descriptions excessivement détaillées", des passages "trop érotiques" ou "trop méchants". Je n'ai pas trop apprécié.
J'ai acheté une paire de bottes gris éléphant dans une boutique microscopique où un petit garçon très blond ne voulait rien chausser d'autres qu'une paire de Ugg, ce qui a laissé tout le monde perplexe. Le même jour, j'ai aussi trouvé une robe à pois en soie très bien pour la soutenance (sauf que je n'ai aucune nouvelle de mon directeur de thèse que je ne cesse pourtant d'harceler. Evidemment, je me dis que mon travail est trop nul pour qu'il daigne se manifester)
Nous avons dégusté la guimauve au vinaigre balsamique et au grué de cacao de Mélanie à l'Arsouille, la fabuleuse crêpe banane-chocolat de Ki Ka Faim (ce nom de crêperie est très moche mais on y mange très bien. La complète à la tomme de Savoie y est hautement recommandable aussi) et une poire Belle-Hélène complètement décadente à la maison un soir où nous avions besoin de réconfort (qui plus est, le sirop vanillé qui a servi à pocher les poires est tout à fait recyclable dans du rhum pour l'arranger de façon express. Haut pourvoir réconfortant également).
Le jour de sa sortie, je tends un peu timidement à la libraire le livre de Melvil Poupaud (oui, je suis terriblement prévisible). Je ne sais pas bien pourquoi mais je suis un peu gênée. La libraire qui comprend tout me dit en rigolant "Non mais ça va, c'est pas comme si c'était un truc de Pierre Perret hein!" Après, je rentre en vitesse à la maison et je le dévore en une heure sur le canapé de mon bureau, c'est tellement chouette que j'en oublie de me refaire un thé.
Melvil, baby-sitté par Isabelle Adjani, est allé manger des spaghetti chez Marguerite Duras, s'est fait photographier par Hervé Guibert, a fait du bateau avec Chiara et Marcello qui l'emmène à la Cinecittà déserte quand ils ne se faisaient pas alpaguer tous les trois par Fellini à une terrasse du Trastevere. Il parlait trop dans sa barbe pour Eric Rohmer et Jane March, sa partenaire dans L'Amant l'a beaucoup fait souffrir. J'ai adoré aussi lire son rapport à la caméra.
Vous allez trouver que mon snobisme ramollit mais en plus, un jeudi soir, je suis allée voir Restless toute seule à la séance de 22heures. G. refusait catégoriquement d'y aller parce qu'il n'aime pas les films qui parlent de maladie mortelle. Il s'est gentiment moqué de moi quand je lui ai dit d'une petite voix "Bah ce soir comme t'es pas là, je crois que je vais aller voir Restless" parce que je n'ai pas arrêté de récriminer contre La guerre est déclarée et, même s'il adore lui aussi Gus Van Sant (enfin, celui de Last Days, Paranoïd Park ou Elephant, pas celui de Will Hunting -enfin, je n'ai rien contre Will Hunting), parce que Restless est un film de commande...
Cinq personnes dans la salle, le sac blindé de mouchoirs en papier. Je suppose que l'effet est en partie dûe à ma sensibilité à fleur de peau du moment (la fin de mes études de médecine me chavire un peu) mais j'ai trouvé ça rudement bien. J'ai bien aimé la cabane en crackers, les jolis vêtements vintage (chemise à lavallière, manteau en tweed trop grand, redingote bien coupée, cardigans en maille épaisse, veste pied-de-poule) et dans un même ordre d'idées les intérieurs chaleureux, plein de feux de cheminées, de tables en bois brut, de couvertures en patchwork et de gratins de pommes de terre. J'ai aimé les derniers plans, la neige partout où l'histoire nous avait emmenés, le printemps qui n'est finalement pas arrivé plus tôt. J'ai aimé aussi les silences de Henry Hopper, un garçon vraiment gracieux, et sa voix tristement déterminée qui marmonne au-dessus du chemin de fer sur lequel il se penche presque trop "J'en ai fini avec ça".
Un billet parce que tu m'as demandé Comment s'est passé ton mois de septembre?
****
Sinon, j'ai aussi fait des empanadas. Très bons, à servir impérativement avec du yaourt battu aillé avec plein de ciboulette et de persil.
La pâte se travaille hyper facilement, c'est une recette de l'infaillible Loukoum°°°.
La farce se cuisine selon les goûts de chacun, ici le boeuf haché est parfumé à l'oignon, au poivron et à la saucisse piquante.
La pâte
-350g de farine
-175g de beurre fondu refroidi
-1 oeuf battu
-1/2cc de sel
-100mL d'eau chaude
-un peu de lait pour dorer
Mélanger la farine et le sel.
Faire un puits, y verser le beure fondu et l'oeuf battu.
Mélanger à la cuillère en bois et ajouter juste assez d'eau pour obtenir une pâte ferme.
Travailler cette pâte une dizaine de minutes puis la rouler en boule et la laisser reposer une demi-heure à température ambiante.
La farce
-350g de boeuf haché
-2 gousses d'ail écrasées
-2 oignons finement émincés
-2 poivrons (moyens) en brunoise
-un morceau de saucisse piquante italienne d'une douzaine de cm en petits dés
-du piment en poudre, du cumin et du paprika
Faire revenir le tout dans de l'huile d'olive. Arroser d'un filet de sirop d'érable et quelques gouttes de Maggi. Goûter pour bien assaisonner
Etaler la pâte sur 3 mm d'épaisseur, découper des cercles de la taille que vous préférez. Faire des petits chaussons en soudant bien les bords avec une fourchette. Dorer avec un peu de lait. Faire cuire une vingtaine de minutes à 180°. Très bons tièdes avec le yaourt précédemment cité.
Libellés : cinéma, en balade, Gus van Sant, Melvil Poupaud