lundi 6 février 2012

In the doldrums of winter (pâte à tartiner au chocolat)

Kinfolk est le magazine indispensable de l'hiver, au même titre que le jus d'orange sanguine matinal, le poisson à la vapeur aux herbes et au gingembre, les tartines morbier-purée de figues et le filet de miel sur la faisselle fermière.
Kinfolk est à savourer comme autant de petites gorgées de thé brûlant bu dans votre tasse préférée en tailleur sur le canapé.
Kinfolk donne envie d'un pique-nique en forêt, protégée par une cape en drap de laine à gros carreaux écossais, autour d'un thermos de soupe, de pain encore tiède et d'un journal à écrire.
K. sent bon les pommes au four farcies de fruits secs, la fumée des bougies, le poulet du dimanche, le sable mouillé, les conifères et les tartes rustiques aux prunes presque noires.
K. autorise à faire des miettes (sur des tables en bois brut).
Dans K., les filles portent des pulls couleur potiron, récoltent du miel et préparent du sticky toffee pudding avec du caramel parfumé au bourbon quand elles partent pendant quelques jours à l'aventure dans une ferme âgée de plus d'un siècle posée dans une lointaine ville côtière.
Les garçons barbus en chemise à carreaux prennent soin de leur chaussures en cuir patiné, allument un feu de bois et apprennent à fumer la pipe.
J'ai savouré l'éloge de la mise en conserve des pêches d'été, j'ai retrouvé à travers les mots d'une autre le charme que j'ai toujours apprécié quant au fait de cuisiner seule, notamment avec cette concentration particulière que requièrent les tourmentés légumes d'hiver. J'ai immédiatement eu envie de réserver une table à la Vinegar Hill House.
Je rêve de mettre la main sur le numéro 1...
Vous l'avez compris, l'hiver sera plus doux avec Kinfolk sur les genoux! Et un pot de pâte à tartiner au chocolat à proximité...
D'une simplicité déconcertante, cette recette régressive est issue du joli livre de Rachel Khoo et a déjà été adoptée par une adepte de la glace au citron... Elle est vraiment extra sur une tartine de pain au levain grillé, une crêpe bien souple ou une tranche de brioche feuilletée (avec des rondelles de banane fraîche).


Pour un petit pot de pâte à tartiner au chocolat:
Rassembler dans un saladier 50g de chocolat noir et 50g de chocolat au lait, tous deux à pâtisser, préalablement concassés, et 25g de beurre demi-sel bien mou en petits morceaux.
Faire bouillir 100ml de crème et la verser sur le mélange du saladier.
Laisser reposer quelques minutes puis mélanger énergiquement avec une spatule souple.
Transvaser la pâte dans un pot à confiture et laisser refroidir.
Cette pâte à tartiner se conserverait quinze jours au réfrigérateur (je n'ai pas eu l'occasion de vérifier!), il faut juste la sortir dix minutes avant de l'étaler sur votre brioche préférée...

Plus que quelques jours avant le départ pour Bombay, je ne me rends pas bien compte...

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vendredi 3 février 2012

A l'occasion tu souris

On en a connu des nuits blanches et des jours sans fin alors j'ai décidé de réserver en douce une chambre avec vue.
Evidemment, je craignais des caprices météorologiques peu propices à mes fantasmes balnéaires (enfin, je n'envisageais pas non plus un bain de minuit) mais j'ai fini par confirmer la réservation en repensant à d'anciennes vacances vénitiennes sous une neige palpitante.
Je n'ai rien dit de la semaine et nous avons continué à beaucoup travailler, et à parler du travail, nous avons mangé libanais devant un feu de cheminée (il a surtout adoré la brochette d'agneau mariné), nous avons lu des bandes dessinées*, commencé des romans**, écrit des lettres, commandé des revues new yorkaises et des torchons en lin épais à carreaux jaunes, nous avons fait une très grande pizza dévorée à même la planche en bois, et le lendemain, j'ai avalé une assiette fumante de spaghetti à quatre heures de l'après-midi préparés avec les reste de sauce tomate et inondés de parmesan. Il fallait se dépêcher, les pauses-déjeuners sont chronométrées et induisent une consommation vertigineuse de clémentines et de biscuits fourrés au chocolat (et au magnésium même si je ne les mange pas pour ça).
Nous sommes aussi partis avant le fin de La folie Almayer, j'étais triste, déçue et soulagée à la fois. Je n'ai pas souvent l'occasion d'entendre des acteurs parler cambodgien... Ensuite, à la maison, il a proposé de me réchauffer une crêpe au sucre.
J'ai glissé dans une enveloppe en papier brut une lettre où j'expliquais tout, avec force petits dessins: il fallait faire les valises samedi après le marché, il y aurait un dîner à Tanpopo, une chambre que j'espérais jolie, des perspectives de promenades, des promesses de petits-déjeuners délicieux (j'ai assez bien réussi la tasse de café fumant et le petit croissant).
Finalement, la valise fut minuscule et très légère à côté du sac rempli d'appareils photos et de romans. Il portait le cardigan sable, j'avais réchauffé la robe bleue et verte avec deux gros gilets.
Finalement, la chambre n'était pas trop mal, avec une très grande fenêtre sur le large et plein de couettes blanches très épaisses.
Face à la mer, j'avais la sensation un peu étourdissante d'avoir laissé derrière moi toutes ces questions qui chaque matin, me donnent juste envie de rester au lit, encore un peu.
Le dîner à Tanpopo, la promenade des odeurs de l'hiver, soulignait le caractère affirmé des légumes racines et des poissons fumés, utilisait la robustesse du pied de veau pour en faire un farci délicat, transcendait la pomme cuite avec du gingembre confit (je reprendrai l'idée).
Le lendemain, après un thé brûlant, quelques tartines, des petits pots de miel ravissants et une hésitation sur un oeuf à la coque, nous nous sommes retrouvés à parcourir la grande plage jusqu'à son extrémité et j'ai un peu pensé à cette promenade que font Alvy Singer et Annie Hall, le soir, près du pont de Brooklyn. Derrière les vitres d'un salon en hauteur, un couple âgé sirotait une bière avec des petits sandwiches triangulaires et regardait la mer sans parler.
Nous avons évidemment fini par être affamés! Nous avons mis de côté un souvenir un peu cuisant vécu avec P+N et nous avons osé franchir le seuil de Bergamote, ce salon de thé désuet où les serveurs vous accueillent avec une préciosité à la limite du maniérisme. Bon, il a fallu batailler pour avoir une table mais, une jeune femme et sa mère, très chic avec ses derbies pailletées, croisées la veille à Tanpopo, ont fini par gentiment céder leurs places en nous reconnaissant.
Dans les très grands vases, il y avait juste deux fleurs blanches, très souples, et autour des tables en bois sombre, des élèves d'école de commerce en goguette, des couples en doudounes tapageuses, des familles aux enfants peu discrets et, juste à côté, deux jeunes femmes dont l'une portait une très jolie montre toute simple.
Ce déjeuner fut absolument délicieux. Il y avait des petites tartines de pain grillé recouvertes d'oeufs brouillés crémeux et de poitrine fumée grillée, une salade très fraîche et des scones*** assez incroyables. Très épais, toastés, ils étaient servis tièdes avec une crème fouettée à la vanille, de la marmelade d'orange et une confiture de framboise. Le thé et le chocolat chaud étaient très bien aussi. Nous étions ravis et nous nous sommes promis de revenir goûter les gâteaux voluptueux, notamment celui au chocolat, avec son glaçage très épais et dont paraissait se régaler l'amie de la jeune femme à la montre qui elle, portait une superbe robe en maille noire.
Dans l'après-midi, sur une presqu'île, à l'endroit où un escalier descend mystérieusement sous les flots, il a enregistré le bruit des vagues. Et puis nous sommes rentrés, avec plein de sable sur les bottes.
Et pour tout vous dire, au dîner, le
mapo doufu était assez terrible.

*je vous recommande
L'été 79 de Hugues Barthes, l'histoire d'un garçon très seul dans son village de campagne entre une mère qui porte invariablement des lunettes de soleil et un père à la bouche douloureuse et cruelle et ce pas seulement quand il avale sans un mot son saucisson sur la table de la cuisine.
**je commence Dire son nom de Francisco Goldman et je prospecte pour décider ce que je vais glisser dans mon sac pour l'Inde.
***je n'en ai jamais refait depuis cette pourtant délicieuse recette (mais ceux de Bergamote étaient beaucoup plus subtils, avec une croûte crousti-fondante et une texture beaucoup plus aérienne).

Bergamote et sa vitrine débordante de beaux gâteaux est au 3, place Jean de Châtillon à Saint Malo. Le plus prudent reste de réserver au 02 99 40 28 14.

Dans le prochain billet, il y aura une recette qui dépend directement du marché de demain matin. A très vite!

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