All the beautiful girls, they wanna stay late
Un taxi attendait en bas de la rue où l'on n'entendait que le souffle froid de la nuit.
A l'aéroport, au milieu des costumes sombres, des attachés-cases maussades et des cravates serrées, je traîne mes collants lie-de-vin dans des ballerines bleues et je lis le journal d'Italie de David B., troublée par la ressemblance de son visage dessiné et de celui de G., qui ne le savait pas quand il me l'avait offert la veille.
Dans l'avion, je regarde s'éloigner les routes, les lumières, les toits et les vies de la ville endormie. Je m'endors aussi au passage du panier de viennoiseries ramollies.
A Toulouse, M. avait préparé le petit-déjeuner sur la table basse du salon. L'appartement m'impressionne par son silence, on n'entend que les arbres de la cour carrée qui secouent leurs feuilles rousses et dorées. J'aime bien voir étalés sur la table de la salle à manger ses stylos, ses dessins, ses couleurs, son travail qui toujours m'a fascinée.
Ce furent trois jours absolument réjouissants pendant lesquels j'aurai dîné dans de la vaisselle de poupée, j'aurai trouvé un poisson en plastique jaune et rose sur une pomme cuite super parfumée, j'aurai dégusté en compagnie douce et bavarde une bisque de crustacés où se prélassait une énorme raviole au crabe, j'aurai goûté des fromages délicieux (dont un vieux Salers assez impressionnant), j'aurai picoré avec une maladresse dûe à l'émotion des dim sum délicats, j'aurai bu du champagne dans une maison très belle et le même soir, il y aura la sophistication rustique d'une soupe de chou-fleur au cumin, toute blanche dans le bol blanc, il y aura aussi la chair orange vif, fondante et rassurante, de la patate douce rôtie au four.
J'aurai sympathisé avec le chef de Motchiya, un endroit absolument indispensable si vous passez à Toulouse. Le jour où j'y suis retournée pour le goûter, nous avons beaucoup discuté et il m'a dressé une très jolie assiette de pâtisseries. Leur cheesecake est comme un nuage.
J'ai parcouru la ville dans tous les sens, j'ai longé le fleuve et j'ai admiré des cours arborées, j'ai essayé un manteau bleu avec un col en (fausse) fourrure qui était trop grand, j'ai traîné des heures à Ombres Blanches et aussi dans une papeterie qui avait un choix vertigineux de carnets coréens (lieu de perdition qu'elle m'avait judicieusement conseillé alors que nous devisions au-dessus d'un superbe chirashi sushi à Motchiya. J'avais alors adoré le gingembre frais mélangé au riz parfait, les éclats de framboise et les dés de mangue au milieu du poisson nacré).
Le dernier soir, avant de repasser une ultime fois à la Fondation admirer les autels de Martine Camillieri, je suis restée un long moment dans un salon de thé désert et désuet à feuilleter le livre de photographies argentiques de Vincent Delerm. Sur les tables en bois ciré, avec un thé élégamment servi, j'ai découvert les néons tristes de la fête foraine de sa vie d'avant, les peluches un peu sordides, les promesses de repas médiocres, quelque chose qui me touche secrètement en lisant Probablement les choses joyeuses de l'enfance ne sont jamais très éloignées des choses tristes. Le propriétaire du salon de thé a dû sentir une mélancolie passagère envahir mon regard puisqu'il m'a discrètement offert, au moment du départ, deux macarons dans leur sachet un peu chic.
Mais plus tard, j'étais définitivement consolée de cette tristesse douce et mystérieuse (sans doute le prix à payer quand on a toujours préféré le probable au certain) devant une assiette fumante de spaghetti alle vongole en bonne compagnie.
Le lendemain, j'ai repris un avion. Alors que les autres passagers mâchaient en rythme les viennoiseries luisantes, j'ai sorti de mon sac les macarons, jaune et vert, précieusement emballés. Ils avaient le goût délicieux, impatient et un peu inquiet de la vie qui allait désormais commencer.
Le Journal d'Italie de David B. est aux Editions Delcourt, dans leur collection Shampooing.
L'exposition de Martine Camillieri, Banalités, est jusqu'au 31 décembre à la Fondation Ecureuil au 3, place du Capitole.
Motchiya se cache au 10, rue Palaprat.
Les jolis carnets coréens sont à la Mucca au 23, rue des Lois.
J'ai feuilleté le livre de photographies de Vincent Delerm, intitulé Probablement, aux Editions Actes Sud, chez Debailleul au 2, place Saint Etienne.
Les dim sum, suivis d'une brioche à la vapeur fourrée au taro, se dégustent chez Cha Yuan au 16 rue Cujas.
A l'aéroport, au milieu des costumes sombres, des attachés-cases maussades et des cravates serrées, je traîne mes collants lie-de-vin dans des ballerines bleues et je lis le journal d'Italie de David B., troublée par la ressemblance de son visage dessiné et de celui de G., qui ne le savait pas quand il me l'avait offert la veille.
Dans l'avion, je regarde s'éloigner les routes, les lumières, les toits et les vies de la ville endormie. Je m'endors aussi au passage du panier de viennoiseries ramollies.
A Toulouse, M. avait préparé le petit-déjeuner sur la table basse du salon. L'appartement m'impressionne par son silence, on n'entend que les arbres de la cour carrée qui secouent leurs feuilles rousses et dorées. J'aime bien voir étalés sur la table de la salle à manger ses stylos, ses dessins, ses couleurs, son travail qui toujours m'a fascinée.
Ce furent trois jours absolument réjouissants pendant lesquels j'aurai dîné dans de la vaisselle de poupée, j'aurai trouvé un poisson en plastique jaune et rose sur une pomme cuite super parfumée, j'aurai dégusté en compagnie douce et bavarde une bisque de crustacés où se prélassait une énorme raviole au crabe, j'aurai goûté des fromages délicieux (dont un vieux Salers assez impressionnant), j'aurai picoré avec une maladresse dûe à l'émotion des dim sum délicats, j'aurai bu du champagne dans une maison très belle et le même soir, il y aura la sophistication rustique d'une soupe de chou-fleur au cumin, toute blanche dans le bol blanc, il y aura aussi la chair orange vif, fondante et rassurante, de la patate douce rôtie au four.
J'aurai sympathisé avec le chef de Motchiya, un endroit absolument indispensable si vous passez à Toulouse. Le jour où j'y suis retournée pour le goûter, nous avons beaucoup discuté et il m'a dressé une très jolie assiette de pâtisseries. Leur cheesecake est comme un nuage.
J'ai parcouru la ville dans tous les sens, j'ai longé le fleuve et j'ai admiré des cours arborées, j'ai essayé un manteau bleu avec un col en (fausse) fourrure qui était trop grand, j'ai traîné des heures à Ombres Blanches et aussi dans une papeterie qui avait un choix vertigineux de carnets coréens (lieu de perdition qu'elle m'avait judicieusement conseillé alors que nous devisions au-dessus d'un superbe chirashi sushi à Motchiya. J'avais alors adoré le gingembre frais mélangé au riz parfait, les éclats de framboise et les dés de mangue au milieu du poisson nacré).
Le dernier soir, avant de repasser une ultime fois à la Fondation admirer les autels de Martine Camillieri, je suis restée un long moment dans un salon de thé désert et désuet à feuilleter le livre de photographies argentiques de Vincent Delerm. Sur les tables en bois ciré, avec un thé élégamment servi, j'ai découvert les néons tristes de la fête foraine de sa vie d'avant, les peluches un peu sordides, les promesses de repas médiocres, quelque chose qui me touche secrètement en lisant Probablement les choses joyeuses de l'enfance ne sont jamais très éloignées des choses tristes. Le propriétaire du salon de thé a dû sentir une mélancolie passagère envahir mon regard puisqu'il m'a discrètement offert, au moment du départ, deux macarons dans leur sachet un peu chic.
Mais plus tard, j'étais définitivement consolée de cette tristesse douce et mystérieuse (sans doute le prix à payer quand on a toujours préféré le probable au certain) devant une assiette fumante de spaghetti alle vongole en bonne compagnie.
Le lendemain, j'ai repris un avion. Alors que les autres passagers mâchaient en rythme les viennoiseries luisantes, j'ai sorti de mon sac les macarons, jaune et vert, précieusement emballés. Ils avaient le goût délicieux, impatient et un peu inquiet de la vie qui allait désormais commencer.
Le Journal d'Italie de David B. est aux Editions Delcourt, dans leur collection Shampooing.
L'exposition de Martine Camillieri, Banalités, est jusqu'au 31 décembre à la Fondation Ecureuil au 3, place du Capitole.
Motchiya se cache au 10, rue Palaprat.
Les jolis carnets coréens sont à la Mucca au 23, rue des Lois.
J'ai feuilleté le livre de photographies de Vincent Delerm, intitulé Probablement, aux Editions Actes Sud, chez Debailleul au 2, place Saint Etienne.
Les dim sum, suivis d'une brioche à la vapeur fourrée au taro, se dégustent chez Cha Yuan au 16 rue Cujas.
Libellés : en balade, Martine Camillieri, Toulouse, Vincent Delerm
20 Comments:
Les spaghettis d'ici
font écho à ce que j'ai appris
aujourd'hui :
il existe une glace au parfum "spaghetti".
La vie peut commencer,
alors.
(en version longue et originale)
Merci pour ces adresses,j'avais très envie de tester tes restos préférés à Rennes mais en tant que toulousaine ça faisait un peu loin! Maintenant je vais pouvoir appliquer tes conseils, surtout Motchiya. Je n'avais jamais entendu parler de ces adresses, à part ombres blanches et la mucca dont je suis aussi une adepte!
Julia
merci pour les adresses toulousaines que je ne connais pas,Motchiya en particulier,n'y ayant pas mis les pieds depuis environ 10 ans. j’espère y retourner un jour :)
bises
manuela
Tes mots ne cessent de s'envoler.
Voyage des pupilles entre volupté de l'eau à la bouche et fragilité de l'image mouvement et de l'image temps. A destination de tes projets rêvés ? Je te le souhaite Patoumi!
Tu donnes très envie d'aller faire un tour à Toulouse et pas seulement pour y découvrir l'expo .
Et tu donnes aussi envie de découvrir Le journal d'Italie .
Et de manger des macarons , ceux dont tu parles.
J'aime vraiment beaucoup ta façon de raconter les petits évènements: je me retrouve toujours, quand je te lis, devant cette scène de In the mood of love où les deux personnages principaux dinent face à face et s'apprennent l'un l'autre qu'ils connaissent chacun l'infidélité de leurs compagnons.
C'est cette même poésie un peu distante et en même temps totalement prise dans l'action...
Wow... Quel beau récit Patoumi ! J'aime ton aventure pleine de banalités, de probabilités et de références exotiques. Je n'aurai sans doute pas l'occasion d'aller à Toulouse avant le 31 décembre, mais j'ai eu la joie de découvrir ton texte sur le site de l'Epure. Epatant comme toujours ! Bravo ! M. est chanceuse ;-)
Gwendoline: mes parents nous emmenaient à la journée dans une station balnéaire qui m'ennuyait et dont le glacier proposait une glace à la pomme de terre. La file d'attente devant le camion blanc était toujours interminable. Je choisissais chaque fois une boule de glace coco aux pépites de chocolat.
J.: je garde un souvenir très ému de Motchiya et de son cuisinier qui a parfois le mal du pays...
Avis: j'ai adoré cette ville, ses coins cachés...
M'zèle Divine: j'essaie de garder une petite place pour les rêves au milieu de journées chargées!
V.: d'habitude, je n'aime pas trop les macarons, ni au goût ni à l'aspect, trop précieux, mais là, ils étaient si gentiment offert, avec un sourire très gentil. Je les ai dégustés avec un plaisir infini.
Riane: oh, c'est l'une des choses les plus belles que l'on ait pu me dire sur le blog... Merci!
Julia*: je ne sais pas bien pourquoi mais j'ai l'impression que tu peux très précisément comprendre ma joie d'avoir participé à ce projet :)
Patoumi, j'ai pensé à toi (toujours bizarre de penser à quelqu'un dont on ne connait que les mots)en voyant que La Revue littéraire sortait un numéro consacré à Hervé Guibert, avec des photos inédites ...
par hasard, j'ai vu VD à l'émission thé et café qui passait en Suisse en différé ... mais c'était bien l'émission du we... tu devrais pouvoir la trouver sur la 2... rennette
VD à la une de Telerama + aujourd'hui sur France Inter :-)
A.
Marion: merci beaucoup! Je vais guetter la sortie du numéro avec impatience... (ça l'émeut que quelqu'un pense à moi en rapport avec Guibert)
Rennette: pas de tivi à la maison... Je vais explorer le site de la chaîne, merci!
A.: alors j'ai acheté le Télérama exprès! J'aime bien sa photo mais j'aime beaucoup mois:
1/ la petite note de bas de page pour expliquer ce qu'est la cold wave!
2/ le sous-titre sur la couverture
3/ le reste du magazine qui m'a fait comprendre pourquoi je ne le lisais plus
mais mon coeur a quand même fait un bond en voyant VD en une ^^
Merci pour ça!
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