Rêveuse de choses qui sont loin (de Bombay à Goa avec toi)
Comme je n'aurai jamais le temps d'évoquer toutes les nourritures colorées et odorantes croisées sur les bords de route (les croque-monsieur chutney et fromage cuits à la demande dans des appareils très anciens, les beignets de sandwiches, le jus de canne à sucre fraîchement extrait, les boulettes de pois chiches...), ni l'expérience de vie que constitue en soi le fait d'acheter un billet de train à la gare de Bombay puis de faire un voyage de deux heures en deuxième classe dans un wagon bondé, comme il serait trop long d'expliquer comment nous nous sommes retrouvés à faire du cheval au milieu de la nuit sur une route de montagne pendant que des porteurs avançaient avec nos valises sur la tête, voici à suivre quelques moments choisis non sans difficultés parce que j'ai encore mille autres souvenirs (les piles de pastèques, de bananes, de petits citrons, de papayes et de mangues sous les stands colorés, l'escalier super raide et sombre du petit tailleur de Goa qui a fait pour G. deux chemises sur mesure, le cake au chocolat du Cafe Central, les filles qui venaient d'ouvrir une librairie à côté d'une école et d'un restaurant chinois, les églises la nuit, la balade en bateau jusqu'aux grottes de l'Ile Elephanta, le vendeur de burgur local, les parties de cricket au crépuscule dans le quartier de l'université à Bombay, les librairies bien fournies en livres de cuisine et classiques Penguin, le déjeuner de trois heures et demi au Indigo Deli et le club-sandwich du Taj Mahal Palace, la luxuriance des marchés, le tournage d'un film de Bollywood au milieu de ruines presque romaines, le mojito au fruit de la passion dans le jardin d'un endroit qui s'appelait Rêverie...).
J'ai fini l'un des romans emportés, Dire son nom, dans notre jolie chambre du Mayfair Hotel à Panjim, un hôtel-restaurant où V.S Naipaul était venu dîner il y a plusieurs années. Dire son nom raconte la perte pour l'auteur de sa jeune épouse, Aura Estreda, dans un contexte absolument tragique et absurde à la fois. Aura n'avait pas trente ans et n'avait pas eu le temps de publier son premier roman, sur lequel elle travaillait sans relâche, à la recherche de la résolution des mystères de sa propre enfance. Cette histoire donne furieusement envie de deux choses (enfin trois si l'on inclut reprendre une psychanalyse): serrer très fort celui qu'on aime et écrire très vite...
Nawab
Il est venu nous chercher un matin au milieu des petits bungalows d'une station balnéaire beckettienne, le soleil en plus. Il avait un sourire malicieux. Il parlait un anglais presque parfait qu'il avait appris jour après jour auprès des touristes qu'il emmenait sur de longues distances dans sa grande voiture blanche. Il voulait savoir si nous avions des fraises en Bretagne. Il a eu l'élégance de ne pas demander ce que nous faisions dans la vie. Il a parlé des forêts de teck, des palais royaux en majestueuse décrépitude, des élevages de crevettes douteux, de la pollution sur la plage autrefois si blanche de son village et du biryani à l'agneau de sa femme, l'un de ses plats préférés. Pour le déjeuner, il connaissait une adresse de bord de route, un family restaurant très clean avec des serviettes en papier rose assorties aux pailles des grands verres mousseux de lassi. Nous n'avions pas très faim mais le biryani était délicieux, c'est vrai, à condition de le demander mild spicy sinon il arrache vraiment trop. Nawab en avait pris un au poulet et aux oeufs durs, il le dégustait avec les doigts et une fascinante dextérité. De temps en temps, il croquait dans une lamelle d'oignon violet cru qu'il avait pris soin de saler, de poivrer et de citronner au préalable. Nous avons repris la route ravis.
Plus tard dans l'après-midi, il arrêtera brusquement la voiture sur le bas-côté et se précipitera vers un arbre à noix de cajou: il venait enfin d'apercevoir dans l'entrelac des branches des fruits prsque à maturité. Il les a cueillis avec l'excitation d'un enfant et a avalé avec gourmandise la chair jaune vif et rafraîchissante, douceâtre et acidulée à la fois. Il m'en a tendu un "As-tu souvent l'occasion de goûter un fruit qui vient d'être cueilli?"
L'égouttoir à vaisselle (ou l'odyssée)
C'était une obsession ancienne, alimentée par la répétition d'images de cuisine désirables. En attendant d'avoir un frigo vert d'eau (ou rose, cela dépendra du reste), de la faïence géométrique entre la fenêtre et l'évier qui serait carré et tout blanc, en attendant le carrelage graphique au sol, j'avais très envie d'avoir un égouttoir à vaisselle indien. Il ne servirait pas à égoutter la vaisselle (pour cela, j'en ai un blanc et bleu pensé par Marc Newson, étrangement l'un des premiers objets que j'avais acheté en aménageant dans cet appartement) mais plutôt à ranger les assiettes, les boîtes à thé, les jolis plateaux et les petits objets. Invoquant l'esprit de Radoumi, j'étais fermement résolue à ne jamais, au grand jamais, céder à la facilité très monnayée des modèles que l'on peut trouver dans diverses boutiques parisiennes.
Un jour, alors que nous avions un long chemin à faire pour rejoindre une petite ville côtière, j'aperçois depuis la voiture qui roule à fond sur les routes indiennes toujours tourmentées, un empilement conséquent de ces égouttoirs en fer blanc. Nous avons poussé un petit cri mais évidemment, nous n'avons pas du tout osé dire au chauffeur de s'arrêter... Ce soir-là, au-dessus de l'assiette de poulet grillé près de la plage, puis en achetant quelques biscuits au chocolat dans une échoppe de nuit, nous ruminerons notre timidité. Mais G. était très optimiste et restait persuadé que nous reverrions l'égouttoir à vaisselle de mes rêves (voyez comme je peux être futilement matérialiste...)
Nous en croiserons plusieurs lors de notre journée avec Nawab. S'il n'a pas eu l'air surpris par cette lubie, il a tout de même exprimé quelques réserves quant au transport d'un tel objet jusqu'à Goa surtout si nous devions passer quelques jours à Bombay au retour car selon lui, il serait alors très facile d'en trouver à ce moment-là, notamment près du Crawford Market, dans un endroit qu'il appelait Lohar Chawl.
Une semaine plus tard, nous avions retrouvé notre hôtel années 70 à Bombay, son tapis épais à motifs hexagonaux, son canapé en skaï capitonné, son ascenseur désuet et le gentil groom. Il se trouve que le conseil de Nawab n'a pas vraiment porté ses fruits parce que dans le dédale de rues recommandées et collantes de soleil, il y avait bien des dizaines de milliards de modèles de cadenas, de robinets, de fils électriques et de tuyaux en aluminium mais des égouttoirs à vaisselle, point du tout.
Epuisée par cette quête vaine et culpabilisante, je renonçais vaguement à ce qui ressemblait quand même à un caprice. Mais comme la séance anglophone au planétarium était déjà passée, comme nous n'avons pas trop traîné au Kala Goda Café bondé (le carrot cake y est assez décevant, je conseille plutôt de se concentrer sur les sandwiches au pain maison et sur les gaufres au miel de forêt), comme les expositions du centre d'art contemporain étaient assez sommaires et qu'il y avait des travaux à l'entrée du joli Samovar Café, nous avons décidé d'aller au Chor Bazaar, un immense marché d'antiquités (pas très antiques, mais nous ne le savions pas encore). Nous avons alors été propulsés dans une sorte de tourbillon où l'on ne pouvait faire un pas sans croiser une vache, une chèvre, un pousseur de charrette, un porteur de paquets, des taxis vrombissants klaxonnant à tout rompre en réponse aux klaxons permanents des motocyclistes, il y avait de la poussière partout, des coulures de liquides indéterminés, des odeurs d'épices très fortes... Je rêvais d'une salle de cinéma silencieuse et fraîche ou d'un simple grand lit dans un monastère. J'étais prête à abandonner et j'allais suggérer à G. que nous pourrions aller nous chercher une part de brownie-oreo chez Theobroma mais il était extrêmement déterminé à ne pas renoncer. Ainsi avons nous encore écumé plusieurs rues et interrogé plusieurs commerçants mais nul ne donnait le bon conseil et ils nous renvoyaient indéfiniment à un lieu qui obligeait à s'enfoncer encore davantage dans le marasme humain du quartier. Cela n'a pas du tout suffit à dissuader G. qui s'est mit à dessiner un égouttoir à vaisselle sur son carnet de voyage rouge et l'a montré à des vendeurs de boîtes à pique-nique qui ont indiqué un marchand à quelques rues et là, bim, suspendu à côté de l'enseigne du magasin, enfin nous l'avions trouvé! Pour quelques roupies (encore moins cher que les simples frais d'expédition de l'objet en France), G. est reparti ravi de son obstination avec un paquet plat emballé dans du papier journal sous les bras. J'étais impressionnée et admirative de l'énergie qu'il avait déployée et absolument ravie par l'aboutissement inattendue de la quête.
Evidemment, il restait à prévoir le mode de transport retour... Heureusement, à la librairie sous les arcades, ils étaient vraiment gentils et on nous a donné deux cartons (ayant servi à l'envoi de livres Penguin!) que G. redimensionnera savamment pour en faire une boîte au format parfait pour accueillir l'égouttoir en kit, emballé dans du papier bulle acheté chez des pachas papetiers de bord de route. Maintenant, il faut le monter...
Le Om Made Cafe
Soleil étourdissant, moiteur climatisée du taxi, les tissus colorés étendus le long de la plage ne bougent plus et dessinent des tâches aveuglantes dans l'après-midi sans ombre. L'oasis initialement prévue, le jardin d'une Anglaise férue de petits-déjeuners, reste introuvable malgré les indications autochtones livrées au bord d'un cours d'eau desséché. Nous échouons d'abord dans un lieu improbable où l'horreur de corps prélassés le regard vide m'horrifie, les mouches vrombissent au-dessus des assiettes vides et du sucre poisseux sur le bord des verres délaissés. Nous fuyons, et une très longue marche commence, je n'ai absolument pas le courage de photographier quoi que ce soit, même la petite maison verte avec sa jolie lanterne orange au-dessus de la porte d'entrée. Trois panneaux plus tard et les indications d'un laveur de voiture dans l'oreille, nous nous affalons dans les transats du Om Made Cafe, une microscopique terrasse qui domine les flots (comme à Biarritz, dans le roc, pour siroter un mojito avec vue sur le rocher de la Vierge).
Le terme annoncé d'une faim coassante et d'une soif qu'on pensait inextinguible nous fit retrouver le sourire. Bientôt, le serveur attentionné posera sur la table en bois un chocoba (un smoothie chocolat-coco-banane assez renversant), un jus orange-ananas irradiant de fraîcheur, de l'eau de l'Himalaya dans une jolie bouteille fleurie, un vrai café, une crêpe à la banane, un yaourt au miel sauvage, et deux boules de glaces maison, mangue et ananas, au goût intense et vertigineux. Je revis. Il sourit. Et à la radio, la surprise ultime, une chanson de Souchon. J'aime tellement quand il dit La Belgique locale, envoyait son ambiance musicale, des flonflons à la française, des fancy-fairs à la fraise. G. filme l'instant, mon bonheur décalé.
Nous sommes restés jusqu'au crépuscule avancé, je ne me lassais pas du spectacle du ciel et de la mer, confondus dans la fonte du soleil, sorbet cassis et framboise.
Le Café Chocolatti
C'est sur la plage de Calengute, dans un jardin discret depuis la route principale que se dissimule mon QG préféré parmi tous, un endroit qui égale dans mon affection gourmande La Régalade, L'ami Jean, le Coquillage, les Quatre Chats, Tanpopo, Rose Bakery, Miremont, Bakeri, Most!, Motchiya, le Kleines Cafe et Momofuku, à savoir le Café Chocolatti.
Son charme tient à quelques détails ravissants: le silence inhabituel et précieux, les tables blanches sous les cocotiers, les gros ventilateurs en acier vert et les cloches à gâteaux sous lesquelles se prélassent au frais la tarte chocolat-caramel, le carrot cake sombre et épais, le victoria sponge cake à la confiture de fraises maison, le banana et le lemon cake humides et parfumés et le ginger cake avec un glaçage au citron que nous n'aurons pas le temps de goûter parce que je ne voulais pas partir sans le goût du brownie à la marmelade d'orange, des gaufres au miel et du pain perdu local. Ce dernier, dégusté avec joie et cérémonie l'après-midi où j'ai écrit des cartes postales, avait provoqué un sentiment unanime d'extase parce que les tranches brûlantes, très épaisses, très moelleuses sous la fine croûte caramélisée, développaient en bouche des parfums de vanille un peu boisés.
Nous étions tellement bien dans ce jardin complètement indécent de décadence sucrée que nous y avons passé quatre après-midis, savourant sa quiétude et sa fraîcheur, idéales pour la lecture les jambes allongées, l'écriture du journal de voyage et les conversations à bâtons rompus alimentées de temps en temps par la venue de touristes pour le moins touristiques. Parfois, on voyait passer un éléphant à travers les feuilles, de l'autre côté de la route.
G. aimait bien leur BLT juteux aussi, et j'ai adoré la salade de carottes râpées à la noix de coco fraîche. Mon bonheur fut immense au moment d'y entendre la voix de Jeanne Moreau chanter sans prévenir Le tourbillon de la vie...
Dernière soirée à Goa
Une dernière fois, savourer la tranquillité du jardin du Café Chocolatti. Une dernière fois, siroter un grand verre de leur incroyable lassi à la banane, doux et acidulé, tout moelleux et frais dans la gorge. Une dernière fois, le sourire du serveur japonais. Une dernière fois, le beurre fondu et le miel parfumé sur les gaufres épaisses. Une dernière fois, lire sans se soucier de rien, écrire et dessiner, discuter du prochain gâteau à goûter.
Francis, le chauffeur de taxi, était là pile à l'heure pour le retour à Panjim. Son auto-radio un peu kitsch diffusait de la pop locale tandis que la voiture filait au milieu des festivités qui se préparaient sous les gargotes de bord de route. Leurs néons bigarrés commençaient à clignoter un peu partout, à l'unisson d'une même gourmandise débraillée. On huilait les poêles pour satisfaire bientôt les amateurs de petits sandwiches à l'omelette, ça sentait la saucisse piquante et l'épi de maïs grillé, on patientait en aspirant à la paille l'eau de coco des noix empilées partout.
Serrée contre G., alors que la nuit était tombée, je savais que je ne reverrai jamais cette confusion désemparante qui pourtant ce soir-là m'émut aux larmes, sans doute aussi parce que je repensais à l'histoire de Dire son nom, la menace insoupçonnée de la perte définitive de l'être aimé, comme ça. J'étais troublée par la proximité de G., car au moment où je me représentais que je ne reverrai jamais les plages de Goa, il était l'unique témoin vivant et précieux de mon agitation intérieure.
Je savais que je ne reverrai pas les ruelles portugaises de Panjim, leurs maisons colorées et mystérieuses, les carreaux de faïence bleue. Je savais que nous ne reverrons jamais la grande église posée en haut des escaliers tout blancs, comme un gros gâteau meringué. Je savais que nous ne reverrons pas le marchand de tampons encreurs portugais, qui nous avait montré les photos de son vingt-cinquième anniversaire de mariage et qui nous avait demandé conseil pour son insomnie et ses problèmes de mémoire. Nous ne goûterons jamais la feijoada de Horse Shoe, ni les gâteaux de Mr Bakker, ni le cake aux carottes et aux dattes du Café Central.
Bientôt apparut au-delà des champs le toit ondulé de la maison de Francis, il y avait toujours du linge à sécher dans son jardin et dans l'air moite de Goa. Ce soir-là, il avait un détour à faire et nous l'avons observé depuis le taxi acheter quelques mystérieuses denrées sur un petit marché improvisé au bord de l'eau. Il est revenu ravi, avec un sac blanc au bout du bras. Il a dit que c'était des grosses crevettes et que sa femme allait les faire frire à son retour pendant qu'il se servira un petit verre après sa longue journée de travail. J'aime savoir qu'où qu'ils soient, où qu'ils vivent, les amoureux ne cesseront jamais de réinventer leurs soirées.
En rentrant, j'avais des envies très précises: cuisiner en écoutant la radio (ah, y'a eu Marie Darrieussecq chez Laure Adler! Oh, Vincent Delerm a repris Somerset Maugham! etc), un morceau de baguette fraîche avec un bout de fromage (chèvre frais, saint-nectaire...) et la confiture de pêches de vignes de Raphaël, le nouveau livre de Valérie Mréjen (déjà fini entre deux éclats de rire angoissés), revoir Jules et Jim, piano-piano, traîner dans mes boutiques préférées (oh, les ballerines pastèque!)... Je ne savais pas encore que j'allais déprimer un peu en lisant Les Cahiers du Cinéma mais le meilleur remède reste dans ces cas-là de se replonger illico dans les 208 films sélectionnés par A. Bergala pour les élèves de la Femis.
A très vite pour une recette de banh mi un peu spéciale!
J'ai fini l'un des romans emportés, Dire son nom, dans notre jolie chambre du Mayfair Hotel à Panjim, un hôtel-restaurant où V.S Naipaul était venu dîner il y a plusieurs années. Dire son nom raconte la perte pour l'auteur de sa jeune épouse, Aura Estreda, dans un contexte absolument tragique et absurde à la fois. Aura n'avait pas trente ans et n'avait pas eu le temps de publier son premier roman, sur lequel elle travaillait sans relâche, à la recherche de la résolution des mystères de sa propre enfance. Cette histoire donne furieusement envie de deux choses (enfin trois si l'on inclut reprendre une psychanalyse): serrer très fort celui qu'on aime et écrire très vite...
Nawab
Il est venu nous chercher un matin au milieu des petits bungalows d'une station balnéaire beckettienne, le soleil en plus. Il avait un sourire malicieux. Il parlait un anglais presque parfait qu'il avait appris jour après jour auprès des touristes qu'il emmenait sur de longues distances dans sa grande voiture blanche. Il voulait savoir si nous avions des fraises en Bretagne. Il a eu l'élégance de ne pas demander ce que nous faisions dans la vie. Il a parlé des forêts de teck, des palais royaux en majestueuse décrépitude, des élevages de crevettes douteux, de la pollution sur la plage autrefois si blanche de son village et du biryani à l'agneau de sa femme, l'un de ses plats préférés. Pour le déjeuner, il connaissait une adresse de bord de route, un family restaurant très clean avec des serviettes en papier rose assorties aux pailles des grands verres mousseux de lassi. Nous n'avions pas très faim mais le biryani était délicieux, c'est vrai, à condition de le demander mild spicy sinon il arrache vraiment trop. Nawab en avait pris un au poulet et aux oeufs durs, il le dégustait avec les doigts et une fascinante dextérité. De temps en temps, il croquait dans une lamelle d'oignon violet cru qu'il avait pris soin de saler, de poivrer et de citronner au préalable. Nous avons repris la route ravis.
Plus tard dans l'après-midi, il arrêtera brusquement la voiture sur le bas-côté et se précipitera vers un arbre à noix de cajou: il venait enfin d'apercevoir dans l'entrelac des branches des fruits prsque à maturité. Il les a cueillis avec l'excitation d'un enfant et a avalé avec gourmandise la chair jaune vif et rafraîchissante, douceâtre et acidulée à la fois. Il m'en a tendu un "As-tu souvent l'occasion de goûter un fruit qui vient d'être cueilli?"
L'égouttoir à vaisselle (ou l'odyssée)
C'était une obsession ancienne, alimentée par la répétition d'images de cuisine désirables. En attendant d'avoir un frigo vert d'eau (ou rose, cela dépendra du reste), de la faïence géométrique entre la fenêtre et l'évier qui serait carré et tout blanc, en attendant le carrelage graphique au sol, j'avais très envie d'avoir un égouttoir à vaisselle indien. Il ne servirait pas à égoutter la vaisselle (pour cela, j'en ai un blanc et bleu pensé par Marc Newson, étrangement l'un des premiers objets que j'avais acheté en aménageant dans cet appartement) mais plutôt à ranger les assiettes, les boîtes à thé, les jolis plateaux et les petits objets. Invoquant l'esprit de Radoumi, j'étais fermement résolue à ne jamais, au grand jamais, céder à la facilité très monnayée des modèles que l'on peut trouver dans diverses boutiques parisiennes.
Un jour, alors que nous avions un long chemin à faire pour rejoindre une petite ville côtière, j'aperçois depuis la voiture qui roule à fond sur les routes indiennes toujours tourmentées, un empilement conséquent de ces égouttoirs en fer blanc. Nous avons poussé un petit cri mais évidemment, nous n'avons pas du tout osé dire au chauffeur de s'arrêter... Ce soir-là, au-dessus de l'assiette de poulet grillé près de la plage, puis en achetant quelques biscuits au chocolat dans une échoppe de nuit, nous ruminerons notre timidité. Mais G. était très optimiste et restait persuadé que nous reverrions l'égouttoir à vaisselle de mes rêves (voyez comme je peux être futilement matérialiste...)
Nous en croiserons plusieurs lors de notre journée avec Nawab. S'il n'a pas eu l'air surpris par cette lubie, il a tout de même exprimé quelques réserves quant au transport d'un tel objet jusqu'à Goa surtout si nous devions passer quelques jours à Bombay au retour car selon lui, il serait alors très facile d'en trouver à ce moment-là, notamment près du Crawford Market, dans un endroit qu'il appelait Lohar Chawl.
Une semaine plus tard, nous avions retrouvé notre hôtel années 70 à Bombay, son tapis épais à motifs hexagonaux, son canapé en skaï capitonné, son ascenseur désuet et le gentil groom. Il se trouve que le conseil de Nawab n'a pas vraiment porté ses fruits parce que dans le dédale de rues recommandées et collantes de soleil, il y avait bien des dizaines de milliards de modèles de cadenas, de robinets, de fils électriques et de tuyaux en aluminium mais des égouttoirs à vaisselle, point du tout.
Epuisée par cette quête vaine et culpabilisante, je renonçais vaguement à ce qui ressemblait quand même à un caprice. Mais comme la séance anglophone au planétarium était déjà passée, comme nous n'avons pas trop traîné au Kala Goda Café bondé (le carrot cake y est assez décevant, je conseille plutôt de se concentrer sur les sandwiches au pain maison et sur les gaufres au miel de forêt), comme les expositions du centre d'art contemporain étaient assez sommaires et qu'il y avait des travaux à l'entrée du joli Samovar Café, nous avons décidé d'aller au Chor Bazaar, un immense marché d'antiquités (pas très antiques, mais nous ne le savions pas encore). Nous avons alors été propulsés dans une sorte de tourbillon où l'on ne pouvait faire un pas sans croiser une vache, une chèvre, un pousseur de charrette, un porteur de paquets, des taxis vrombissants klaxonnant à tout rompre en réponse aux klaxons permanents des motocyclistes, il y avait de la poussière partout, des coulures de liquides indéterminés, des odeurs d'épices très fortes... Je rêvais d'une salle de cinéma silencieuse et fraîche ou d'un simple grand lit dans un monastère. J'étais prête à abandonner et j'allais suggérer à G. que nous pourrions aller nous chercher une part de brownie-oreo chez Theobroma mais il était extrêmement déterminé à ne pas renoncer. Ainsi avons nous encore écumé plusieurs rues et interrogé plusieurs commerçants mais nul ne donnait le bon conseil et ils nous renvoyaient indéfiniment à un lieu qui obligeait à s'enfoncer encore davantage dans le marasme humain du quartier. Cela n'a pas du tout suffit à dissuader G. qui s'est mit à dessiner un égouttoir à vaisselle sur son carnet de voyage rouge et l'a montré à des vendeurs de boîtes à pique-nique qui ont indiqué un marchand à quelques rues et là, bim, suspendu à côté de l'enseigne du magasin, enfin nous l'avions trouvé! Pour quelques roupies (encore moins cher que les simples frais d'expédition de l'objet en France), G. est reparti ravi de son obstination avec un paquet plat emballé dans du papier journal sous les bras. J'étais impressionnée et admirative de l'énergie qu'il avait déployée et absolument ravie par l'aboutissement inattendue de la quête.
Evidemment, il restait à prévoir le mode de transport retour... Heureusement, à la librairie sous les arcades, ils étaient vraiment gentils et on nous a donné deux cartons (ayant servi à l'envoi de livres Penguin!) que G. redimensionnera savamment pour en faire une boîte au format parfait pour accueillir l'égouttoir en kit, emballé dans du papier bulle acheté chez des pachas papetiers de bord de route. Maintenant, il faut le monter...
Le Om Made Cafe
Soleil étourdissant, moiteur climatisée du taxi, les tissus colorés étendus le long de la plage ne bougent plus et dessinent des tâches aveuglantes dans l'après-midi sans ombre. L'oasis initialement prévue, le jardin d'une Anglaise férue de petits-déjeuners, reste introuvable malgré les indications autochtones livrées au bord d'un cours d'eau desséché. Nous échouons d'abord dans un lieu improbable où l'horreur de corps prélassés le regard vide m'horrifie, les mouches vrombissent au-dessus des assiettes vides et du sucre poisseux sur le bord des verres délaissés. Nous fuyons, et une très longue marche commence, je n'ai absolument pas le courage de photographier quoi que ce soit, même la petite maison verte avec sa jolie lanterne orange au-dessus de la porte d'entrée. Trois panneaux plus tard et les indications d'un laveur de voiture dans l'oreille, nous nous affalons dans les transats du Om Made Cafe, une microscopique terrasse qui domine les flots (comme à Biarritz, dans le roc, pour siroter un mojito avec vue sur le rocher de la Vierge).
Le terme annoncé d'une faim coassante et d'une soif qu'on pensait inextinguible nous fit retrouver le sourire. Bientôt, le serveur attentionné posera sur la table en bois un chocoba (un smoothie chocolat-coco-banane assez renversant), un jus orange-ananas irradiant de fraîcheur, de l'eau de l'Himalaya dans une jolie bouteille fleurie, un vrai café, une crêpe à la banane, un yaourt au miel sauvage, et deux boules de glaces maison, mangue et ananas, au goût intense et vertigineux. Je revis. Il sourit. Et à la radio, la surprise ultime, une chanson de Souchon. J'aime tellement quand il dit La Belgique locale, envoyait son ambiance musicale, des flonflons à la française, des fancy-fairs à la fraise. G. filme l'instant, mon bonheur décalé.
Nous sommes restés jusqu'au crépuscule avancé, je ne me lassais pas du spectacle du ciel et de la mer, confondus dans la fonte du soleil, sorbet cassis et framboise.
Le Café Chocolatti
C'est sur la plage de Calengute, dans un jardin discret depuis la route principale que se dissimule mon QG préféré parmi tous, un endroit qui égale dans mon affection gourmande La Régalade, L'ami Jean, le Coquillage, les Quatre Chats, Tanpopo, Rose Bakery, Miremont, Bakeri, Most!, Motchiya, le Kleines Cafe et Momofuku, à savoir le Café Chocolatti.
Son charme tient à quelques détails ravissants: le silence inhabituel et précieux, les tables blanches sous les cocotiers, les gros ventilateurs en acier vert et les cloches à gâteaux sous lesquelles se prélassent au frais la tarte chocolat-caramel, le carrot cake sombre et épais, le victoria sponge cake à la confiture de fraises maison, le banana et le lemon cake humides et parfumés et le ginger cake avec un glaçage au citron que nous n'aurons pas le temps de goûter parce que je ne voulais pas partir sans le goût du brownie à la marmelade d'orange, des gaufres au miel et du pain perdu local. Ce dernier, dégusté avec joie et cérémonie l'après-midi où j'ai écrit des cartes postales, avait provoqué un sentiment unanime d'extase parce que les tranches brûlantes, très épaisses, très moelleuses sous la fine croûte caramélisée, développaient en bouche des parfums de vanille un peu boisés.
Nous étions tellement bien dans ce jardin complètement indécent de décadence sucrée que nous y avons passé quatre après-midis, savourant sa quiétude et sa fraîcheur, idéales pour la lecture les jambes allongées, l'écriture du journal de voyage et les conversations à bâtons rompus alimentées de temps en temps par la venue de touristes pour le moins touristiques. Parfois, on voyait passer un éléphant à travers les feuilles, de l'autre côté de la route.
G. aimait bien leur BLT juteux aussi, et j'ai adoré la salade de carottes râpées à la noix de coco fraîche. Mon bonheur fut immense au moment d'y entendre la voix de Jeanne Moreau chanter sans prévenir Le tourbillon de la vie...
Dernière soirée à Goa
Une dernière fois, savourer la tranquillité du jardin du Café Chocolatti. Une dernière fois, siroter un grand verre de leur incroyable lassi à la banane, doux et acidulé, tout moelleux et frais dans la gorge. Une dernière fois, le sourire du serveur japonais. Une dernière fois, le beurre fondu et le miel parfumé sur les gaufres épaisses. Une dernière fois, lire sans se soucier de rien, écrire et dessiner, discuter du prochain gâteau à goûter.
Francis, le chauffeur de taxi, était là pile à l'heure pour le retour à Panjim. Son auto-radio un peu kitsch diffusait de la pop locale tandis que la voiture filait au milieu des festivités qui se préparaient sous les gargotes de bord de route. Leurs néons bigarrés commençaient à clignoter un peu partout, à l'unisson d'une même gourmandise débraillée. On huilait les poêles pour satisfaire bientôt les amateurs de petits sandwiches à l'omelette, ça sentait la saucisse piquante et l'épi de maïs grillé, on patientait en aspirant à la paille l'eau de coco des noix empilées partout.
Serrée contre G., alors que la nuit était tombée, je savais que je ne reverrai jamais cette confusion désemparante qui pourtant ce soir-là m'émut aux larmes, sans doute aussi parce que je repensais à l'histoire de Dire son nom, la menace insoupçonnée de la perte définitive de l'être aimé, comme ça. J'étais troublée par la proximité de G., car au moment où je me représentais que je ne reverrai jamais les plages de Goa, il était l'unique témoin vivant et précieux de mon agitation intérieure.
Je savais que je ne reverrai pas les ruelles portugaises de Panjim, leurs maisons colorées et mystérieuses, les carreaux de faïence bleue. Je savais que nous ne reverrons jamais la grande église posée en haut des escaliers tout blancs, comme un gros gâteau meringué. Je savais que nous ne reverrons pas le marchand de tampons encreurs portugais, qui nous avait montré les photos de son vingt-cinquième anniversaire de mariage et qui nous avait demandé conseil pour son insomnie et ses problèmes de mémoire. Nous ne goûterons jamais la feijoada de Horse Shoe, ni les gâteaux de Mr Bakker, ni le cake aux carottes et aux dattes du Café Central.
Bientôt apparut au-delà des champs le toit ondulé de la maison de Francis, il y avait toujours du linge à sécher dans son jardin et dans l'air moite de Goa. Ce soir-là, il avait un détour à faire et nous l'avons observé depuis le taxi acheter quelques mystérieuses denrées sur un petit marché improvisé au bord de l'eau. Il est revenu ravi, avec un sac blanc au bout du bras. Il a dit que c'était des grosses crevettes et que sa femme allait les faire frire à son retour pendant qu'il se servira un petit verre après sa longue journée de travail. J'aime savoir qu'où qu'ils soient, où qu'ils vivent, les amoureux ne cesseront jamais de réinventer leurs soirées.
En rentrant, j'avais des envies très précises: cuisiner en écoutant la radio (ah, y'a eu Marie Darrieussecq chez Laure Adler! Oh, Vincent Delerm a repris Somerset Maugham! etc), un morceau de baguette fraîche avec un bout de fromage (chèvre frais, saint-nectaire...) et la confiture de pêches de vignes de Raphaël, le nouveau livre de Valérie Mréjen (déjà fini entre deux éclats de rire angoissés), revoir Jules et Jim, piano-piano, traîner dans mes boutiques préférées (oh, les ballerines pastèque!)... Je ne savais pas encore que j'allais déprimer un peu en lisant Les Cahiers du Cinéma mais le meilleur remède reste dans ces cas-là de se replonger illico dans les 208 films sélectionnés par A. Bergala pour les élèves de la Femis.
A très vite pour une recette de banh mi un peu spéciale!
34 Comments:
Ah !!! Ce billet est parfait. Je viens de voyager, là, juste assise sur mon canapé. L'Inde est attirante sous votre plume. Merci. J'en avais bien besoin.
Et puis, j'ai eu le cœur serré en lisant le paragraphe où vous parlez de ce que vous ne reverrez pas et de ''Dire son nom''. Je viens de vivre une rupture difficile et ces mots ont trouvé une certaine résonance en moi. La perte n'est pas la même évidemment mais... J'ai du mal à m'exprimer. Bref.
Je reviens lire votre billet plus posément demain et je m'en régale d'avance.
Merci encore pour ce billet-fleuve pour lecteurs avertis. Un vrai délice.
Il est tard, je rentre de Suisse, j'ouvre ma boite, ton blog et trouve ton récit épistolaire - quel billet ! je le garde précieusement pour demain soir, trop crevée... mais rien que "petits citrons" entraperçu, me met leur gout à la bouche .. je salive déjà du reste .. merci Patoumi
Ce billet était un bonheur, je me suis promenée avec toi dans cette Inde que je ne connais pas et qui me fait tant rêver ...
Waou, ben moi j'en ai juste aucun mot approprié qui ne sort.
Tout est là, les odeurs, les saveurs, les couleurs.
Merci de nous avoir fait partager, et avec tant de brio, c'est si difficile...
Moi je ne rêvais pas d'Inde, au départ, trop "peur" de la pauvreté qui fait mal à celui qui ne fait que passer et retrouvera tôt ou tard ses pénates douillettes, et maintenant, je n'en suis plus aussi sûre...
Je viens de passer une heure (entrecoupée de courts éclairs pour écouter mon cours) à lire ton récit-par-bribes.
J'aime.
Il n'y a que ça à dire. J'aime la façon dont tu choisis ce qui est pertinent (ou pas) pour construire le paysage de ton voyage. J'aime me retrouver dans tes caprices un peu idiots mais si humains, dans la recherche de l'endroit parfait, de la belle image (éphémère, sinon il lui manque quelque chose)....
J'aime!
Un très, très, très bel article... L'un de mes préférés, sans aucun doute.
Merci mille fois de nous faire partager ces moments!
Bon, on l'attendait, celui-là ! J'adore les images, les mots et surtout l'histoire de l'égouttoir parce que c'est presque pareil que celle de mes petits tabourets vietnamiens (qu'on trouve très facilement en France maintenant, mais les miens ne seront jamais pareil, et voilà !). Quand je les regarde, tout remonte et ça fait du bien.
Je dis aussi qu'une photo de l'égouttoir bientôt installé s'imposera.
Et quand même, Souchon et la Belgique : la cerise sur le gâteau.
Plein de bises, Patoumi, à bientôt.
Merci pour ce beau récit de voyage, particulièrement dépaysant (encore plus pour un francilien plongé dans la grisaille), mais également plein de bonnes idées gourmandes pour un amoureux des saveurs asiatiques comme moi.
D'ailleurs, je viens de surligner tout ce qui a trait à la nourriture dans ton billet, cela me donnera plein de bonnes idées pour les mois à venir.
J'ai également souri à l'évocation de tes anedcdotes musicales : du Souchon et du Jeanne Moreau à l'autre bout du monde, c'est cocasse :)
Vivement le prochain billet ! (et la recette du banh mi).
Elle a l'air si douce et calme, l'Inde de Patoumi. C'est votre regard qui nous fait voyager.
Bon retour.
Bises.
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Séverine: j'ai beaucoup hésité à l'écrire parce que j'ai tenu un journal de voyage de façon très assidue et que j'avais peur de me répéter et de ne rien créer et puis finalement, j'ai raconté les choses autrement...
Le livre de Francesco Goldman, même si j'ai des réserves, a clairement donné une teinte à ce voyage, j'avais très peur de perdre G. et cela a renforcé quelque chose qui existe déjà de façon très forte entre nous et qui est exacerbé par les voyages et la "solidarité" qu'ils nécessitent parfois, parce qu'il n'y avait évidemment pas que des gâteaux au chocolat et des lassis bien frais tout le temps!
Rennette: et bien j'espère que tu n'es pas trop déçue...
Bergeou: merci d'être encore là! (tu dois faire partie de mes lectrices les plus anciennes!)
Carnet de notes et menthe à l'eau: j'ai vu des choses qui étaient très loin des club-sandwiches du Taj Mahal Palace, mais je vois aussi au quotidien, dans le service où je travaille (de la psychiatrie pour les enfants) une misère et une détresse qui ne me paraissent pas moindre. Le trajet de Bombay à Goa, dans des régions pas forcément très touristiques, fut assez épique, et je passe volontairement sous silence quelques moments où l'on était très loin de l'ambiance du Café Chocolatti! J'avais envie de vous raconter ce qui m'avait surtout vraiment plu!
Riane: oui, je suis une grande spécialiste du caprice idiot :)
Adeline: merci, vraiment.
Sylvie: cet "A bientôt" me fait faire un grand sourire ravi!
Oui oui, j'espère avoir bientôt un égouttoir à photographier!
Damien: après, j'ai attendu qu'une chanson de Delerm soit diffusé, genre "Fanny Ardant", mais en fait non.
Merci pour vos mots gentils!
Florence: la photo du linge qui sèche, sur Mutton Street, a été prise alors que j'étais désespérée par la chaleur, la poussière, le bruit, une chèvre un peu collante et le fait qu'un vendeur d'appareil photo ancien ait celui d'Hervé Guibert mais tout cabossé.
palpitant recit! mais je reste sur ma faim: je veux vraiment voir a quoi ressemble un egouttoir a vaisselle indien! une photo?
sha
Ton récit m'a sérré le coeur!
Evidemment la finesse avec laquelle tu raconte ton voyage, le choix parfait des mots que tu utilises, les couleurs des photos choisies, y sont pour beaucoup. Je suis presque repartie en Inde. Merci.
Pourquoi penses tu ne jamais revoir Goa?
Tu sais cette histoire d'égouttoir est incroyable, j'en ai toujours rêvé, lors de mon voyage on en avait trouvé mais la question du transport c'est posé et on avait laissé tombé! Alors question technique,comment l'as tu ramené en France? (Ici le prix est indécent, j'avais pensé en ramener un de Thailande mais ça ne rentre pas dans une valise, en plus de tout le reste!!)
Ma remarque sur le côté bobo de Nanashi n'était pas un critique, je retournerai même y manger vendredi.
(Me régale d'un nouveau pot de pâte à tartiner au choco...)
Sha: on m'a promis de le monter bientôt (je suis une piètre bricoleuse)... Je ne manquerai pas de le prendre en photo!
Marjane: l'égouttoir était vendu en kit, ça fait donc un paquet plat de planches en inox que le vendeur pouvait juste emballer dans du papier journal, nous nous sommes donc enquis de 5 mètres de papier bulle et nous avons mis le tout dans une boîte fabriquée par G. avec deux cartons de livres Penguin désassemblés puis rassemblés et on a comblé la boîte en mettant en boules les feuilles des journaux livrés chaque matin à l'hôtel. Tout s'est bien passé ensuite dans la suite de l'avion!
Je sais que nous ne reviendrons pas à Goa parce que le monde est vaste et que j'avoue que je reviendrai bien plutôt à New York ou en Suède ^^
Je n'ai pas pris ton petit mot sur Nanashi comme une critique du tout, en fait ça me fait sourire le discours sur les bobos parce que ça ne me gêne pas du tout d'être bobo si certains ont envie de le dire hihi
zut, j'ai mal enregistré mon commentaire.
Merci pour ce billet Patoumi. Nous l'avons attendu en silence.Il trotte maintenant dans notre tête sur un air de fancy-fairs à la fraise tinté de Bollywood. Bon retour!
Plusieurs mois que je te lis avec bonheur et étonnement...
S'il te plaît, écris un roman, que le bonheur soit prolongé !
Tu possèdes un style très singulier, très "à fleur de peau", j'ai l'impression d'entrer dans tes émotions sans rien connaître de toi ni de ta vie ! C'est rare...
Paola
Pas mieux que Paola. Tes souvenirs, ceux que tu nous distillent, sont très délicats. Pour essayer d'égayer ton retour, je ne sais pas si tu écoutes le grand entretien de France inter, il y a une émission avec Sophie calle et une avec Anne Wiazemsky, et il y a eu un atelier fantôme de Marguerite Duras avec laure Adler, qui évoque d'autres souvenirs délicats, tu en parlerais mieux que moi.
clém
ma chère Patoumi,
j'ai beaucoup aimé ton récit de voyage et la mention de Radoumi qui me plait toujours autant ^^
Je me doute bien que l'inde, ce ne fut pas que ses instants très agréables et comme tout voyage, il a du y avoir du très bon, du bon, du bof, du pas terrible et même du très mauvais. Mais à terme, je pense que le bon et le très bon reste :) Je comprend ce que tu veux dire quand tu pense ne pas revenir à Goa, j'ai vécu la même chose à de nombreuses reprises lors de mes pérégrinations de jeunesse ( ça fait un bon bout de temps que je n'ai pas crapahuté... ).
C'est fou quand je te lis comme tu sais souvent exprimer bien mieux que je ne saurai le faire des émotions, des ressentis, qui sont aussi les miens.
merci pour tout ca :)
bises
manuela
Je suis incorrigible, j'ai renoncé aux ballerines pastèque pour reprendre des billets d'avion...
Dévorer les livres: merci pour la patience et l'enthousiasme... Le tournage du film, à Old Goa, était très réjouissant et coloré...
Paola: merci! C'est exactement ce que j'essaie de faire, faire en sorte que le lecteur ressente au plus près ce qui m'a saisie. Parfois, je me dis qu'il faudrait que je travaille davantage mes billets mais peut-être qu'ils seraient aussi beaucoup moins spontanés...
J'aimerais (depuis très longtemps en fait!) écrire un roman et je ne cesse de tourner autour...
Clem: merci pour les émissions! Je suis monomaniaque de France Culture et du coup, je passe régulièrement à côté de trucs chouettes sur d'autres stations. Heureusement que les lecteurs sont souvent là pour attirer mon attention dessus ^^
Avis: Radoumi est parfois très très très rigide...
Oui, il y a eu des petits moments difficiles mais j'avais un super compagnon de voyage qui fait preuve de beaucoup d'humour et de sens pratique dans ces cas-là!
Des billets! Mais pour quelle destination? J'imagine que tu ne va pas tout dévoiler maintenant! On ne sait jamais ou la vie nous mène, je ne pensais pas retourner en Inde de si tôt après mon premier séjour et pourtant malgré les pays découverts adorés ceux qui m'ont adopté et bien 10 ans c'est passé très vite...
Ah les bobos finalement je suppose que c'est surtout pour celui qui regarde car récemment j'ai moi même été qualifiée de bobo! Mais ce n'était pas un compliment vu le ton employé! Hihi
Marjane: mais si, vous saurez bientôt la prochaine destination :)
Chère Patoumi,
Quand on te lit on sent de manière très forte que tu pourrais faire de l'écriture ta vie...et je pense que les lecteurs de ce blog seraient d'accord avec moi pour dire que si tu sortais un roman on se jetterait dessus sans attendre !!
En tout cas continue à écrire ce blog magique, tes billets emplissent nos vies de lumière !
Bien à toi,
Paola
Pour encore mieux savourer ce retour :
SAMEDI 24 MARS
- Champs Libres : salle de conférence Hubert Curien.
15h30-17h30 : « Les autres arts dans le cinéma de la Nouvelle Vague : de Jean-Luc Godard à Eric Rohmer. » Table ronde animée par Jean Cléder, avec Jacques Aumont et Melvil Poupaud.
17h30-18h00 : Séance de dédicaces des ouvrages de Jacques Aumont et de Melvil Poupaud. En partenariat avec la librairie Le Chercheur d’Art.
- Ciné TNB, 19h30 : Double projection en présence de Melvil Poupaud.
* Rémi, de Melvil Poupaud, 2001, France, 24 mn, couleurs, support vidéo.
* Conte d’été, d’Eric Rohmer, 1996, France, 113mn, couleurs, 35mm.
Et aussi :
Le 28 Mars au Ciné-Tambour :
Où sont les femmes ?
18h : Ecrans variables - Cinéma d'artistes 5
No Sex last night
Sophie Calle & Greg Shephard, É.-U., 1992, 1h15, couleur, vidéo
20h30 : Sois belle et tais-toi
Delphine Seyrig, France, 1981, 1h55, n&b, 35 mm
Et effectivement un roman s'impose :)
Bonne journée
Mabel: je viens de m'évanouir de bonheur *-*
Je vous lis depuis des mois déjà grâce à une amie chère, et toujours avec délectation!
Je suis souvent bouleversée par tant d'affinités...
Vous dites tout ce que je ne réalise pas nécessairement = faire, plutôt que penser.
Alors j'ose un lien d'un vert tendre =
http://latelier11.blogspot.com/2012/03/on-vous-annonce-la-couleur.html
Et vous sublimez le désir du voyage!!! sincèrement merci.
Quel beau billet! Je viens de le relire et oui, merci pour ton récit de voyage. Je crois même que je préfère voyager à travers tes mots et tes photos que de l'entreprendre en vrai.. Depuis quelques jours, j'ai commencé la lecture de "Dire son nom" car tu m'en as donné l'envie (il a grillé la pile de romans qui attendaient sagement leur tour, le vilain!) et cette histoire m'émeut beaucoup.
J'aime tes textes et ton univers, il est clair que tu pourras me compter parmi tes lecteurs si tu franchissais le pas.. Mais j'aime aussi beaucoup te savoir psychiatre. Connais-tu le livre d'Emmanuel Venet "Précis de médecine imaginaire"? http://www.editions-verdier.fr/v3/oeuvre-precismedecine.html
J'ai beaucoup aimé ce texte, très drôle et émouvant. Tu n'écris pas du tout dans le même style que lui mais lui aussi est psychiatre et cela ne l'empêche pas d'écrire de la fiction ... Si tu vois ce que je veux dire... ;-)
A bientôt!
que dire ?
merci de nous avoir berces dans tes souvenirs colores patoumi.
encore une fois nous avons fait un beau voyage.
bon week end a toi
ah oui et moi aussi je lis au fil de tes recommandations et les romans sont presque plus beaux entre tes mots qu'en realite :) (je pense a Une Annee studieuse par ex ou le film fin aout debut septembre).
et moi aussi je me jetterai sur ton roman si tu en ecrivais un, evidemment.
Oh oui, oh oui, écrivez !!!
Bon, je traîne à écrire un nouveau billet, j'ai eu une semaine harassante mais avec des projets très enthousiasmants :)
Mais c'était drôlement fatigant quand même, et je n'ai pas très faim... Mais il y aura quand du banh mi comme promis!
Karin: ce petit mot m'enchante, comme le lien, et tout cela donne envie d'écrire, parce que l'on ne sait jamais vraiment ce qui est perçu de l'autre côté de l'écran. Merci!
(ceci dit, je crois que je pense plus que je ne fais!)
Chrystel: il y a des passages dans "Dire son nom" qui m'ont émue énormément (des trucs assez bêtes, comme le soir où Aura ressort d'un Domino's de Brooklyn avec une énorme pizza, ou l'histoire du dessus de lit) et puis plus tard, j'ai aussi ressenti un petit malaise mais j'étais bluffée par la virtuosité de Goldman.
Ananim: tu veux dire que tu n'as pas trop aimé Une année studieuse et Fin Août? ^^
Je nourris un genre de fascination/admiration/affection pour ce film d'Assayas, à cause du personnage de Jeanne Balibar qui ne se résout pas vraiment à la perte de son amour et aussi celui de Mia Hansen Love, super jeune, lumineuse et fragile. La bande son est chouette aussi. Bref.
Catherine: on essaie, on essaie :)
non c'est pas vraiment ca, j'ai devore une annee studieuse et j'ai bien aime fin aout debut septembre mais disons qu en te lisant en parler, ils m'ont eu l'air encore plus beaux, encore plus delicats et encore plus reussis qu'ils ne l'etaient reellement.
non mais c'est bien, ca veut dire que ta passion transpire dans tes mots.
j adore te lire
Tu as bien fait de vouloir raconter ce qui t'avait plus, c'est très très réussi, et tellement tentant au final. Un voyage immobile, pour l'instant, ceux que je préfère, presque.
Alors, ce beau samedi ensoleillé a-t-il été melvilpoupauesque ? :))
très bon article, Merci
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