mardi 3 janvier 2012

Ta main sur ma joue posée comme ça (biscuits au chocolat blanc et aux cranberries)

Il a bu 730 tasses de café sucré, j'en ai bu 1835 de thé brûlant.
Nous avons plongé nos cuillères impatientes dans les glaces onctueuses du Momofuku (parfum cereal milk, mon préféré, et pistacchio) dans le petit salon confidentiel et feutré d'un palace où nous n'avions pourtant aucune chambre.
Nous sommes montés sur un bateau pour une promenade ornithologique mais je n'ai rien écouté, je regardais les grosses vagues.
Nous avons dîné dix fois à l'Arsouille, un nombre incalculable de fois à Kika Faim et trois fois à Tanpopo.
Nous avons goûté une fricassée très étrange de crabes en mue dans un restaurant chic en Louisianne.
Nous avons attendu chaque mois le nouveau numéro d'un magazine de design scandinave auquel nous ne comprenons rien mais dont les photographies nous ravissent.
Nous avons été un peu déçus par les photos de Mapplethorpe pourtant choisies par Sofia Coppola et exposés à la galerie Thaddeus Ropac.
J'ai aimé Un amour de jeunesse, Une séparation, Restless, Somewhere, Un été brûlant, Melancholia, L'étrange affaire Angélica, Habemus Papam, Black Swan et 17 filles* mais surtout la rétrospective Kubrick et les ressorties de Vivre sa vie, Badlands et Deep End.
Il a écrit des nouvelles chansons, j'ai écrit pour des femmes que j'admire et que je suis ravie de connaître, un peu.
Nous avons fêté un anniversaire dans un square avec un pique-nique au champagne et un autre chez Olivier Roellinger où il ne restait plus que nous dans la grande salle.
Nous avons changé l'eau de bouquets d'anémones aux couleurs pâles, de dahlias blancs, de roses poudrées, de renoncules d'un rose franc et une jacinthe dont les fleurs viennent d'éclore.
Il y a eu une thèse aussi.
Nous avons perdu un parapluie et une paire de gants.
J'ai cassé deux tasses.
Nous avons joué une fois à un jeu de hasard et nous avons perdu.
Nous avons récriminé contre plusieurs coiffeurs.
Nous avons guetté les petites asperges vertes d'Annie au printemps, nous avons goûté la glace au yaourt du bas de la place en juillet, nous avons mixé du panais avec du safran en automne, j'aime le parfum persistant des peaux de clémentines d'hiver.
Nous avons essayé les miels de tous les producteurs du marché, nous avons comparé les pizza de tous les lieux où elles sont à emporter.
Nous nous souviendrons d'un velouté avec du homard dedans, de petites saucisses basques sur une purée brûlante, d'un hamburger de canard à l'aubergine et au miso.
Nous avons pris des billets pour Bombay.

En 2012, je vous souhaite d'être heureux.

Nous avons choisi ensemble une recette de biscuits pour adoucir la rentrée.

Les biscuits au chocolat blanc et aux cranberries (d'après une recette de Nigella Lawson)
Pour une bonne vingtaine de biscuits
-125g de beurre demi-sel bien mou
-140g de farine T80
-75g de petits flocons d'avoine
-175g de sucre blond de canne
-1/2cc de levure
-1 oeuf
-1cc d'extrait de vanille liquide
-90g de cranberries séchées grossièrement hachées
-150g de chocolat blanc concassé

Fouetter le beurre et le sucre en un mélange crémeux.
Ajouter l'oeuf et l'extrait de vanille, bien mélanger.
Ajouter la farine, la levure et les flocons d'avoine, bien mélanger.
Ajouter les cranberries et le chocolat blanc, bien mélanger.
Laisser reposer une dizaine de minutes au réfrigérateur.
Préchauffer le four à 180°.
Déposer des boules de pâtes sur la plaque du four recouverte de papier sulfurisé en les espaçant un peu. Ecraser très légèrement chaque boule avec le dos d'une fourchette.
Faire cuire une dizaine de minutes. Attendre qu'ils aient un peu refroidi pour les transférer sur une grille.
En offrir sur le pas de la porte en rendant un aspirateur bleu.

*17 filles a été tourné dans la ville où j'ai vécu mon adolescence pleine d'ennui par deux jeunes femmes qui y ont également grandi. J'ai été aplatie par certains plans, le toit des usines, les cheminées industrielles qui fument sans fin et partout, la grande barre jaune et blanche où s'entassent les familles derrière les petites fenêtres carrées, le clocher de l'église qui me donne la nausée. La simple évocation du multiplexe de la zone industrielle me fait frissonner. 17 filles raconte jusqu'où une fille peut aller, à dix-sept ans, pour échapper à l'évidence d'un destin médiocre. Et comme l'espérance peut être violente.

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lundi 12 décembre 2011

J'ai pensé que peut-être ça te plairait

(C'était un dimanche entièrement consacré à finir un roman* et à préparer des petits biscuits** avec toutes les lampes allumées dès cinq heures et dehors, les guirlandes lumineuses de fenêtre en fenêtre)

Quelques idées improvisées de petits cadeaux
Obsessive consumption de Kate Bingaman-Burt
Sorti il y a longtemps, dévolu à une lecture itérative, suivez jour après jour les achats de Kate en couleurs primaires. Treize lampions en papier, une paire de chaussures de mariage couleur jaune et violet, des tulipes pour mamie, du poulet frit, trois fouets à pâtisserie ou les falafels du vendredi, Kate dessine tout ce qu'elle achète et c'est chouette.

Leçon de photographie de Stephen Shore
S. Shore photographie des pancakes à côté d'un verre de lait froid, des parkings de supermarché, des motels désaffectés du Texas, il explique dans ce livre les différents niveaux de la photographie (physique, représentatif, mental), montre un choix de photos assorties et dit ceci à propos du moment où il appuie sur le déclencheur C'est l'interaction complexe, continue et spontanée de l'observation, de la compréhension, de l'imagination et de l'intention.

Fat de Jennifer Mac Lagan
Un super livre assez fascinant sur le gras! Celui du beurre, du cochon, du boeuf, de l'agneau, des volailles. Ses origines, ses utilisations, des anecdotes historiques et des recettes: la poitrine de porc rôtie au miso et à l'orange que je vais bientôt essayer, le BLT parfait avec une mayonnaise secrète, un risotto à la moelle ou des saint-jacques pochées au beurre, que des plats subversifs!

Une adolescence dans l'après-Mai d'Olivier Assayas
Un texte court, dédié à Alice Debord et Mia Hansen-Love, écrit après des vacances indiennes passées avec elle (MHL), suite à un retour de plage à Goa et dont il dit ceci J'étais le spectateur intrigué d'une tranquillité inhabituelle qui se manifestait en moi. Et je me rappelle avoir pensé qu'elle ne pourrait être qu'infiniment fugitive. Ce livre raconte comment le très jeune Olivier Assayas est devenu cinéaste et je suis assez ravie de l'avoir cité dans ma thèse! C'est un beau cadeau, surtout s'il est accompagné de l'intégrale DVD...

La cuisinière du cuisinier d'Alain Ducasse et de Frédérick e. Grasser-Hermé
Elle ne le sait pas mais depuis longtemps Fegh m'émeut. Il y a ses monomanies chromatiques aux Editions de l'Epure et son dément gâteau au chocolat à la mayonnaise, il y a son érudition malicieuse et gourmande qui me parait infinie. Je l'imagine courir tout Paris pour dénicher LE jambon à l'os parfait. Son exigence est toujours un peu ironique, j'aime bien.
Nous avons cependant peu de points communs si ce n'est qu'il m'est apparu encore davantage en lisant ce livre (une mine, vraiment) que nous aimons pas mal de choses identiques: les burgers, les hot-dogs chics et les tuna sandwiches mais aussi les tomates farcies (qu'elle cuit dans le fournil chez Poilâne), la blanquette et les pâtes à la daube (à la queue de veau). Il y a aussi des recettes mystérieuses: l'oeuf au gras, le risotto aux salicornes d'Inaki Aizpitarte ou la cocotte du Club du gras (encore, désolée).

Recettes des trois soeurs pour jeunes fauchés gourmands d'Evelyne, Delphine et Annie Mach
Au début du livre, la photo des trois tabliers accrochés à la patère sur fond de mur rouge vif constitue une excellente introduction à l'univers des trois soeurs qui aiment manger sans que ce ne soit jamais trop compliqué! Je ne sais pas si ce sont nos origines asiatiques communes mais je me reconnais assez régulièrement dans leur propos (évidemment, la série d'Aki intitulée Mes parents les Yamada me parle particulièrement...)
A la maison, pas de burgers sans leur flash potatoes un peu épicées et j'ai déjà éprouvé leur soupe rustique des malades. En plus, elles donnent leur recette familiale de raviolis pékinois! Les dessins sont toujours aussi adorables...

D'autres listes de cadeaux, plus anciennes mais pourquoi pas, et aussi quelques idées snobs...

*Les revenants de Laura Kasischke chez Bourgois
**la nouveauté cette année, les sablés de Clotilde, une recette précieuse qu'elle tient de Christine, la maman de Laurence, l'une des plus anciennes amies de Clotilde.
Une recette très simple pour laquelle la qualité des ingrédients est primordiale et qui donne des biscuits délicats au parfum subtil et addictif!

Les sablés de Noël de Clotilde
-210g de farine
-140g de sucre blond de canne
-125g de beurre mou
-1 oeuf
-1/4cc de cannelle
-les graines d'une gousse de vanille fendue et grattée
-1/4 cc de sel fin

Mélanger la farine, le sucre, le sel, la cannelle et la vanille.
Ajouter l'oeuf, bien mélanger.
Incorporer le beurre coupé en petites parcelles progressivement jusqu'à obtenir une pâte bien homogène.
Diviser la pâte en deux, façonner un disque un peu épais, l'emballer dans du papier film et la laisser reposer au frais au moins 8 heures.
Au terme de ce repos, sur une surface bien farinée et avec un rouleau également fariné, étaler la pâte finement, sur 2 à 3mm d'épaisseur.
Découper les biscuits à l'aide d'emporte-pièces et les placer au fur et à mesure sur une plaque à four froide protégée de papier sulfurisé.
Faire cuire 12 à 15 minutes dans un four préchauffé à 160°.

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lundi 27 décembre 2010

Faut-il que nul ne résiste (aux butterballs de Mary)

(Photo prise dans le bureau de G. avec ma nouvelle lampe Céline Saby, reçue dans du joli papier cadeau! Je l'aime vraiment beaucoup. J'espère que vous avez passé un chouette Noël aussi!)Ce soir-là, dans le métro, à Chevaleret, il y a un grand type qui monte, jetant sur les autres passagers un regard dur derrière ses lunettes à monture stricte. Il a mon âge environ, des chaussures cirées de près et une redingote raide. Installé sur un strapontin, il se frotte les mains, puis sort de son petit cartable à boucle dorée une revue médicale. Un interne en neurologie! Il m'a rappelé comme je pouvais me cacher derrière les portants de journaux du point-presse de l'hôpital quand j'y avais cours mais que je voulais éviter les autres étudiants lorsque le prof était en retard.
(Je suis un petit peu asociale. L'autre jour, alors que ce n'était pas du tout le propos, on m'a même dit sur un ton de reproche que j'étais mystérieuse).
C'était début décembre et j'étais toute seule à Paris pour un congrès. Je n'avais jamais vu la neige sur la Seine. Je guettais tous les petits tronçons de métro aérien. Je ressentais à cette occasion une discrète mélancolie devant les façades qui défilaient, toutes ces fenêtres, les vies qui s'y jouent derrière, tous les gens qu'on ne connaîtra jamais et dont on ne sait rien.
Je dormais chez un oncle et sa copine, ils ont une vie de famille à laquelle je ne suis pas du tout familière. Je découvre les chaussures de Barbie dispersées sur le parquet du couloir, les numéros d'Astrapi dans les toilettes, la vaisselle en mélamine avec les gobelets à anses doubles, le blanc de poulet coupé en petits morceaux, le ketchup qui dessine un sourire dans l'assiette, le gel douche à la fraise, le dentifrice à la cerise, les dessins partout sur les murs, les horaires (de lever, de coucher) qu'il faut absolument respecter. Un autre monde.
Je vais à pied à la Salpétrière, j'évite soigneusement tout collègue. Une infirmière strasbourgeoise puis un directeur d'hôpital dijonnais me demandent le chemin. Je trouve un siège libre au fond de l'amphithéâtre jauni et je n'en bouge plus.
Heure du déjeuner. Hors de question d'aller au self de l'hôpital avec les autres. J'observe le plan de métro de mon Moleskine fatigué et je relève que Rose Bakery 2 n'est qu'à quelques stations. Je fais donc diversion et je m'échappe.
Tempête de neige sur le beau parc de la Salpétrière (j'apprendrai plus tard par S., qui a été aide-soignant là-bas, qu'il y a des couloirs souterrains labyrinthiques où il se perdait régulièrement avec des patients peu rassurés). Je pense à une exposition et aux beaux arbres enneigés de Kiarostami qui m'avaient captivée.
A Rose Bakery, une dernière table m'attendait, et, une fois n'est pas coutume, le service est adorable. Une Japonaise qui porte un sweat-shirt turquoise décoré d'un noeud à l'encolure installe la nappe en papier, le pain frais et le beurre tendre, un serveur avec une chemise à carreaux et beaucoup de cheveux prend la commande (une assiette de légumes et un chocolat chaud). Une jeune femme avec des cheveux longs, lisses et sombres redresse sur le dossier de sa chaise son beau manteau Miu Miu camel et noir, derrière moi deux Anglaises réfléchissent à la pertinence ou non de partager un jus banane et datte au moment où je choisis le cake chocolat-blanc/matcha avec l'approbation de la serveuse. Je repars au colloque à regret.
Dans les rues enneigées, tout le monde marche à petits pas mal assurés et le lendemain, chez
Vanina Escoubet, entre deux essayages désastreux, nous parlerons de la dramatisation très parisienne de la situation avec l'une de ses amies à qui une petite robe noire allait en revanche à ravir. Le froid piquant et constant me servira plus tard de prétexte lorsque je fus confrontée à une paire de mitaines toutes douces (mais bizarrement, les jours suivants, je ne cesserai de les égarer).
En me promenant seule dans mes quartiers préférés, je me suis souvenue de mes petites semaines parisiennes, quand j'étais ado, et que j'avais un sac à dos rouge. Je dormais déjà chez le même oncle, mais il n'y avait pas encore d'enfants. Je me préparais des petits sandwiches le matin avec une bouteille d'eau glacée pour transformer le sac en glacière et je sillonais la ville jusqu'au soir, traînant de parcs en librairies. J'aimais bien.
La vie a changé (ouf!) et dans quelques jours je serai à Paris avec G., mais le goût des butterballs de Mary me parait intemporel.
Simplissimes à préparer, délicatement fondants, on n'en fait qu'une bouchée. Ils m'ont fait penser aux
Baci di Dama que j'avais découverts sur le blog d'Eva, autrefois.

Les butterballs de Mary, une enquête de
Béa

-230 g de beurre mou
-100 g de sucre de canne blond
-250 g de farine
-125 ml de ganache au chocolat noir (j'ai pris du caramel à tartiner au chocolat noir de
Madame Durand)
-un peu de sucre de canne blond en plus et de la vanille en poudre pour enrober les biscuits

Travailler le beurre en pommade jusqu’à ce qu’il soit bien aéré (3 à 5 min).
Ajouter le sucre. Une fois que la préparation est homogène, ajouter la farine de manière à obtenir une boule.
Envelopper cette boule de pâte dans du papier film et réfrigérer pendant au moins 3 heures (cela permet aux cookies de ne pas s’étaler lors de la cuisson).
Préchauffer le four à 190 C.
Détacher un morceau de pâte de la boule et former des petites boules de 2 cm de diamètre puis les congeler pendant 30 minutes
Au bout de ce temps, les déposer sur la plaque du four recouverte de papier sulfurisé et faire cuire pendant 13 à 15 minutes, jusqu’à ce que les biscuits soient fermes, mais ne brunissent pas.
Laisser refroidir sur une grille.
Réunir les biscuits deux par deux avec la ganache ou la tartinade choisie (c'est bien qu'elle ne soit pas trop sucrée, je ne sais pas si du Nut-Nut conviendrait pas exemple) puis rouler le butterball dans le mélange sucre-vanille.
A grignoter avec un verre de lait bien frais!

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