Ta main sur ma joue posée comme ça (biscuits au chocolat blanc et aux cranberries)

Nous avons plongé nos cuillères impatientes dans les glaces onctueuses du Momofuku (parfum cereal milk, mon préféré, et pistacchio) dans le petit salon confidentiel et feutré d'un palace où nous n'avions pourtant aucune chambre.
Nous sommes montés sur un bateau pour une promenade ornithologique mais je n'ai rien écouté, je regardais les grosses vagues.
Nous avons dîné dix fois à l'Arsouille, un nombre incalculable de fois à Kika Faim et trois fois à Tanpopo.
Nous avons goûté une fricassée très étrange de crabes en mue dans un restaurant chic en Louisianne.
Nous avons attendu chaque mois le nouveau numéro d'un magazine de design scandinave auquel nous ne comprenons rien mais dont les photographies nous ravissent.
Nous avons été un peu déçus par les photos de Mapplethorpe pourtant choisies par Sofia Coppola et exposés à la galerie Thaddeus Ropac.
J'ai aimé Un amour de jeunesse, Une séparation, Restless, Somewhere, Un été brûlant, Melancholia, L'étrange affaire Angélica, Habemus Papam, Black Swan et 17 filles* mais surtout la rétrospective Kubrick et les ressorties de Vivre sa vie, Badlands et Deep End.
Il a écrit des nouvelles chansons, j'ai écrit pour des femmes que j'admire et que je suis ravie de connaître, un peu.
Nous avons fêté un anniversaire dans un square avec un pique-nique au champagne et un autre chez Olivier Roellinger où il ne restait plus que nous dans la grande salle.
Nous avons changé l'eau de bouquets d'anémones aux couleurs pâles, de dahlias blancs, de roses poudrées, de renoncules d'un rose franc et une jacinthe dont les fleurs viennent d'éclore.
Il y a eu une thèse aussi.
Nous avons perdu un parapluie et une paire de gants.
J'ai cassé deux tasses.
Nous avons joué une fois à un jeu de hasard et nous avons perdu.
Nous avons récriminé contre plusieurs coiffeurs.
Nous avons guetté les petites asperges vertes d'Annie au printemps, nous avons goûté la glace au yaourt du bas de la place en juillet, nous avons mixé du panais avec du safran en automne, j'aime le parfum persistant des peaux de clémentines d'hiver.
Nous avons essayé les miels de tous les producteurs du marché, nous avons comparé les pizza de tous les lieux où elles sont à emporter.
Nous nous souviendrons d'un velouté avec du homard dedans, de petites saucisses basques sur une purée brûlante, d'un hamburger de canard à l'aubergine et au miso.
Nous avons pris des billets pour Bombay.
En 2012, je vous souhaite d'être heureux.
Nous avons choisi ensemble une recette de biscuits pour adoucir la rentrée.
Les biscuits au chocolat blanc et aux cranberries (d'après une recette de Nigella Lawson)
Pour une bonne vingtaine de biscuits
-125g de beurre demi-sel bien mou
-140g de farine T80
-75g de petits flocons d'avoine
-175g de sucre blond de canne
-1/2cc de levure
-1 oeuf
-1cc d'extrait de vanille liquide
-90g de cranberries séchées grossièrement hachées
-150g de chocolat blanc concassé
Fouetter le beurre et le sucre en un mélange crémeux.
Ajouter l'oeuf et l'extrait de vanille, bien mélanger.
Ajouter la farine, la levure et les flocons d'avoine, bien mélanger.
Ajouter les cranberries et le chocolat blanc, bien mélanger.
Laisser reposer une dizaine de minutes au réfrigérateur.
Préchauffer le four à 180°.
Déposer des boules de pâtes sur la plaque du four recouverte de papier sulfurisé en les espaçant un peu. Ecraser très légèrement chaque boule avec le dos d'une fourchette.
Faire cuire une dizaine de minutes. Attendre qu'ils aient un peu refroidi pour les transférer sur une grille.
En offrir sur le pas de la porte en rendant un aspirateur bleu.
*17 filles a été tourné dans la ville où j'ai vécu mon adolescence pleine d'ennui par deux jeunes femmes qui y ont également grandi. J'ai été aplatie par certains plans, le toit des usines, les cheminées industrielles qui fument sans fin et partout, la grande barre jaune et blanche où s'entassent les familles derrière les petites fenêtres carrées, le clocher de l'église qui me donne la nausée. La simple évocation du multiplexe de la zone industrielle me fait frissonner. 17 filles raconte jusqu'où une fille peut aller, à dix-sept ans, pour échapper à l'évidence d'un destin médiocre. Et comme l'espérance peut être violente.