Un été sur la côte - Vertiges du mois d'août
Le mojito et les tapas délicieux du CDFG, mon QG préféré à Biarritz (même s'ils n'ont pas voulu me céder la jolie tasse bleue émaillée avec un nuage dessus au terme d'une semaine de fréquentation pourtant assidue).
Te souviendras-tu de la fraîcheur des librairies, et le jour où tu m'as photographiée dans une robe à pois alors que je feuilletais une monographie en noir et blanc? Je disais C'est dommage, il y a trop de portraits. Tu as voulu refaire la photo. Evidemment, la première est la plus jolie.
Te souviendras-tu du jour de pluie au Breakfast Club? Nous avions envie de sweat-shirts à capuche, de crumpets et d'oeufs brouillés. J'ai dévoré mes saucisses et mes tomato beans fumants, on n'avait plus faim pour le carrot cake. C'était le jour parfait pour voir à quelques heures d'intervalle Lola et Alice doesn't live here anymore. Dans la nuit, au détour des rues que tu connaissais par coeur et moi très mal, nous avons parlé d'Harvey Keitel, de Wanda et de Cécile Cassard.
Te souviendras-tu de l'infusion désaltérante à Motchiya, son parfum d'églantine et de poire? L'adorable cuisinier découpait des légumes avec concentration et faisait cuire des champignons dans des vapeurs de gingembre.
Te souviendras-tu à Bilbao le premier soir, à la terrasse d'un café de quartier, le vin n'était pas cher et se défendait bien, la table d'à côté faisait un interminable dîner avec plein de poissons grillés et de calamars frits.
Te souviendras-tu du feu d'artifice au-dessus de la grande plage à Biarritz? Et puis aussi les nectarines du marché, les pommes de terre fondantes qui avaient rôti dans le jus du poulet (l'expérience pour moi inédite d'acheter un poulet déjà rôti et d'ouvrir le sac en papier kraft tout chaud, ton regard amusé en voyant la photographie instantanée que je venais de prendre de la table du dîner On dirait une scène d'un Rohmer), les puits d'amour, les glaces au yaourt, les crêpes au chocolat, les petites pâtes de fruits, les brioches au sucre, le parfum des macarons Adam quand on ouvrait la boîte en fer violette, les sandwiches d'Arostéguy au poulet mariné et aux tomates confites, bien emballés dans du papier blanc fermé par une ficelle à rayures.
Nous avons aussi partagé deux dîners dans une jolie maison remplie de belles et de bonnes choses, avec deux hôtes charmants et nous avons parlé pendant des heures de Copenhague et de New York, d'Olivier Assayas, François Truffaut, Tsai Ming Liang, Theo Angelopoulos, Alexandre Sokourov, de La piscine et de Lawrence d'Arabie mais aussi de tout un tas d'histoires qui mêlaient secrets de famille, souvenirs tendres ou angoissants, lubies timides et espoirs intimes, le genre de conversations qui s'accordent bien avec les soirées d'été et leur torpeur amicale.
Nous aimions nous promener la nuit à Bilbao, sur les ponts vertigineux et autour du Guggenheim désert, avec l'araignée de Louise Bourgeois qui nous dévisageait de façon un peu effrayante. Il y avait une boutique un peu magique, qui s'appelait Persuade, où des habits aux coupes précises et aux matières précieuses s'alignaient en provoquant une désespérante stimulation du désir. J'ai reposé poliment la paire de moufles en alpaga. Ce soir-là, nous avions dîné à Bascook, et le fait que le menu y côtoie une critique enthousiaste de la bande dessinée de Christophe Blain sur Alain Passard était plutôt bon signe.
Depuis la terrasse de l'appartement de Biarritz qu'il avait choisi avec soin et patience, on voyait à nos pieds la plage des Basques et ses rouleaux qui se répétaient à l'infini, dans un mouvement hypnotisant.
Entre la plage et son sable brûlant sous les pieds, les incursions à In the middle voir les nouveautés et les flâneries de rigueur dans les rues pentues de Biarritz, j'aimais passer du temps au Festin nu, à feuilleter des livres de cuisine et des revues de cinéma. Interrogée doucement par W. à ce sujet, la libraire avait conseillé de dîner à BB Wok et elle avait raison, c'était délicieux. Le soir où nous avons mangé chez Pilou, après la crème au chocolat incroyablement soyeuse, il a dit Non mais on va aussi goûter celle au caramel tu crois pas? Ce fut une riche idée.
Nous sommes rentrés avec des dizaines de livres, une paire de lunettes anglaises, une autre de chaussures, anglaises elles aussi, une autre encore de palmes pour les vagues de l'année prochaine, une jupe à porter avec une chemise en jean mais je m'obstine à mettre un pull rayé et des conserves basques pour l'hiver.
Sur la plage, en terrasse, allongée sur des canapés dans divers salons, sur l'immense lit de l'hôtel de Bilbao juste en face du musée, j'ai lu La lettre écarlate de Nathaniel Hawthorne, Ma cousine Phillis d'Elizabeth Gaskell, 120 recettes de cuisine traditionnelle coréenne de Sabine Yi, plusieurs chapitres de Vers une architecture du Corbusier, Les yeux plus gros que le ventre des facétieuses Editions de l'Epure, Une éducation sentimentale de Gustave Flaubert, le très précieux Appetite for design et le très lourd Coco aux Editions Phaidon (j'ai promis de faire des petites pommes de terre comme Inaki Aizpitarte).
Quelques jours après le retour, au travail, un garçon me dit gravement Souvent, j'ai peur d'oublier que j'ai été heureux. Il ne peut pas voir que mon regard se brouille. Je préfère certains contre-jours aux images saturées.
Te souviendras-tu de la fraîcheur des librairies, et le jour où tu m'as photographiée dans une robe à pois alors que je feuilletais une monographie en noir et blanc? Je disais C'est dommage, il y a trop de portraits. Tu as voulu refaire la photo. Evidemment, la première est la plus jolie.
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Entre la plage et son sable brûlant sous les pieds, les incursions à In the middle voir les nouveautés et les flâneries de rigueur dans les rues pentues de Biarritz, j'aimais passer du temps au Festin nu, à feuilleter des livres de cuisine et des revues de cinéma. Interrogée doucement par W. à ce sujet, la libraire avait conseillé de dîner à BB Wok et elle avait raison, c'était délicieux. Le soir où nous avons mangé chez Pilou, après la crème au chocolat incroyablement soyeuse, il a dit Non mais on va aussi goûter celle au caramel tu crois pas? Ce fut une riche idée.
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Quelques jours après le retour, au travail, un garçon me dit gravement Souvent, j'ai peur d'oublier que j'ai été heureux. Il ne peut pas voir que mon regard se brouille. Je préfère certains contre-jours aux images saturées.
Libellés : Biarritz, Bilbao, Bordeaux, cinéma, livres, Pentax ME Super, SX70, Toulouse, voyage
17 Comments:
Bon retour Patoumi ! J'avais aussi tellement aimé Bilbao ...et je ne on nais pas ce roman d 'E. Gaskell !
Pour se souvenir qu'on a été heureux (quelle belle phrase que celle de ce garçon !), il y a la photographie. Depuis samedi et un pli dans ma boîte aux lettres, une envie a insidieusement germée dans le terreau propice de mon esprit et la dernière image de ce billet fait tout à fait prendre cette petite graine : je file m'acheter un appareil polaroïd dans cette boutique toulousaine où les reines font bonjour toute la journée. Merci à P. et W. donc pour les images et bonne rentrée.
V.: c'est une histoire assez courte mais très enlevée!
En fait, nous étions allés à Bilbao il y a plusieurs années déjà, juste pour le Guggenheim. Il avait beaucoup plu et nous ne nous étions pas attardés. Du coup, j'ai découvert la ville et sa super architecture avec beaucoup de plaisir.
Sylvie: en plus, ce garçon avait, ahem, 11 ans...
Il y a des fois quand même, je n'échangerais mon travail contre aucun autre (oui, bon, si on me propose de faire un film, je réfléchirai quand même)
oh quels beaux souvenirs de vacances Patoumi...
tjs un grand plaisir de te lire en transparence derriere mon outlook sature
bon retour!si je comprends bien, tu ne les aimes pas trop, les retours...
On doit -dans ton travail- te dire des choses horribles et laides parfois, je m'en doute, mais on te dit aussi de belles choses.
Moi, je sais que je l'oublie trop régulièrement.
C’est à cela que me sert mon blog -même si ce n'était pas prévu-. Rappel à l'ordre permanent de ce qui est ou peut être beau.
(Au fait, j'ai le CD de W. J'aime beaucoup).
Oh la la... retour de Patoumi ET du Lodève cette semaine : ça sent vraiment la fin des vacances... ;)
Biarritz ... que de souvenirs tu déclenches... et comment faire pour que le souvenir du bonheur ne soit pas nostalgie ... ? J'aime ta légéreté gourmande comme un chocolat de Bayonne...
Poppolita: j'ai surtout du mal à me débrancher de l'ambiance des vacances, sans aucune contrainte compliquée et sans autre responsabilité que celle de passer une chouette journée.
Riane: non, en fait on me dit parfois des choses horribles mais rarement laides, ou plutôt je n'envisage jamais trop ce qu'on me dit sous son aspect-là.
Merci pour W., je sais que ça lui fait très plaisir :)
Julie: le lundi du retour, je me suis précipitée à Cozic et j'ai pris un pain de mie pour des sandwiches-tartines et surtout du pain au sarrasin (le vrai goût de la bretagne!), en fait mon préféré je crois
Mabes: ah, je suis allée à Bayonne aussi! Mais Biarritz... J'ai appris à connaître la ville comme ma poche!
Ohlala que j'aime ton écriture. Je ne crois pas avoir déjà commenté ici, même si je te lis régulièrement.
Moi aussi, j'ai peur d'oublier. C'est joliment dit.
Boujour Patoumi, Je sais que tu n habites pas a Paris mais j aurais voulu savoir si par hasard il y aurait un restaurant coreen et/ou japonnais a recommander.
merci!
Emilie
Carocaro: merci de prendre le temps de laisser un petit mot!
Emilie: Azabu+++, Guilo Guilo et Matsuda me glisse-t-on à l'oreille pour les japonais; L'arbre de sel pour le coréen. Tu me diras!
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